Ce que disent les fleurs (Sand)
Résumé très court
Une femme racontait à sa petite-fille Aurore comment, enfant, elle entendait parler les fleurs.
Son professeur de botanique niait ce phénomène, mais elle savait qu'elles bavardaient, surtout le soir. Un jour, elle réussit à s'approcher discrètement et entendit les coquelicots, marguerites et autres fleurs du jardin critiquer la rose par jalousie, contestant sa royauté et sa beauté.
Plus tard, près d'un églantier, elle écouta le zéphyr raconter son histoire aux roses sauvages. Autrefois, il était le fils destructeur du roi des orages, dévastant la terre. Un jour, il découvrit une rose dont le parfum l'enivra. Son père, furieux de sa pitié, lui arracha ses ailes. L'esprit de la vie le transforma alors en bel enfant aux ailes de papillon et proclama:
Apprends-leur, aimable rose, que la plus grande et la plus légitime puissance est celle qui charme et réconcilie. Je te proclame reine des fleurs.
Sa grand-mère la crut, regrettant cette faculté perdue.
Résumé détaillé
La division en chapitres est éditoriale.
Lenfant qui écoute les fleurs
Une femme adulte raconta à sa petite-fille Aurore ses souvenirs d'enfance extraordinaires. Quand elle était enfant, elle était très tourmentée de ne pouvoir comprendre le langage des fleurs.
Quand j'étais enfant, ma chère Aurore, j'étais très tourmentée de ne pouvoir saisir ce que les fleurs se disaient entre elles... Je savais bien le contraire.
Son professeur de botanique lui assurait qu'elles ne disaient rien, mais elle entendait leur babillage confus, surtout à la rosée du soir. Elle s'exerça à marcher si doucement qu'elle put s'approcher sans être entendue et saisir enfin des paroles articulées dans une langue qu'elle comprenait parfaitement.
La jalousie des fleurs du parterre
Un soir, cachée dans un coin abrité du parterre, elle entendit les coquelicots protester contre la royauté de la rose. L'orateur coquelicot déclara qu'il ne reconnaissait à personne le droit de se dire mieux né que lui. Les marguerites l'approuvèrent, l'une d'elles affirmant qu'elle était plus riche que la rose avec ses cinq cents pétales contre deux cents pour la plus belle rose.
Le prince Delphinium vanta son azur céleste, tandis que le coquelicot critiqua le parfum de la rose, prétendant que c'était une convention des jardiniers. La marguerite déclara que les odeurs étaient des indiscrétions, mais le gros pavot protesta que les odeurs annonçaient l'esprit et la santé. Une pensée richement vêtue compara même la rose à un gros chou pommé.
Exaspérée par ces sottises, la narratrice enfant intervint brusquement.
Taisez-vous, m'écriai-je... Moi qui m'imaginais entendre ici des merveilles de poésie, quelle déception vous me causez avec vos rivalités, vos vanités et votre basse envie !
Un profond silence se fit et elle sortit du parterre, déçue par ces fleurs cultivées qui semblaient avoir pris les préjugés et les travers des humains. Elle se dirigea vers la prairie pour écouter les plantes rustiques, espérant qu'elles auraient plus de bon sens.
Les églantiers et lhistoire du zéphyr
Elle s'arrêta auprès d'un grand églantier dont les fleurs parlaient ensemble. Elles s'adressaient au zéphyr, lui demandant de rester avec elles car elles étaient fraîches et parfumées. Le zéphyr leur répondit qu'elles n'étaient que des enfants du Nord et ne pouvaient s'égaler à la reine des fleurs.
Les églantiers lui demandèrent de leur raconter la véritable origine de la rose, car les autres fleurs prétendaient qu'elle n'était qu'une fille de l'églantier embellie par la greffe. Le zéphyr accepta de leur révéler cette histoire, qui était aussi la sienne.
Au temps où les êtres et les choses de l'univers parlaient encore la langue des dieux, j'étais le fils aîné du roi des orages.
Le zéphyr raconta qu'autrefois, il régnait avec son père et ses frères sur la planète inféconde. Leur mission était de détruire et d'empêcher toute vie d'apparaître. Mais l'esprit de la vie résistait, créant sans cesse de nouveaux êtres adaptés à leurs fureurs. Épuisés, ils se retirèrent pour demander de nouvelles forces à leur père.
Le roi des orages les renvoya détruire toute vie restante. Le zéphyr s'abattit sur l'Orient avec une force incommensurable, mais soudain un parfum inconnu l'arrêta.
Tout à coup un parfum passa en moi... Je vis alors pour la première fois un être qui était apparu sur la terre en mon absence, un être frais, délicat... la rose !
La rose le supplia d'avoir pitié d'elle car elle était belle et douce. Il la respira et une ivresse soudaine abattit sa fureur. Il s'endormit auprès d'elle, et à son réveil, elle lui demanda de rester son ami. Il la prit dans son sein et s'envola avec elle, mais elle se flétrissait loin de la terre.
La transformation du zéphyr et la réconciliation
Quand le zéphyr montra la rose à son père, celui-ci entra dans une colère terrible. D'un souffle, il arracha la rose de ses mains, puis lui arracha ses ailes en le maudissant pour avoir connu la pitié. Il le lança dans les abîmes, mais le zéphyr retrouva la rose, plus riante que jamais car elle avait le don de renaître.
L'esprit de la vie apparut sous la forme d'un ange radieux et eut pitié du zéphyr déchu.
Tu as connu la pitié, tu as eu pitié de la rose, je veux avoir pitié de toi... car il peut détruire et, moi, je peux créer.
L'esprit transforma le zéphyr en bel enfant aux ailes de papillon et proclama la rose reine des fleurs, lui donnant le pouvoir de charmer et réconcilier. Depuis ce jour, le zéphyr vécut en paix, fidèle amant de la rose et ami de toutes les fleurs.
La danse des roses et lépilogue
Les petites roses de l'églantier demandèrent au zéphyr de leur donner le bal pour célébrer leur reine. Ce fut au-dessus de la tête de l'enfant une danse effrénée accompagnée de frôlements et de claquements, les petites folles semant leurs pétales dans ses cheveux en chantant les louanges de la rose.
Quand la narratrice raconta cette histoire à son précepteur, il déclara qu'elle était malade et qu'il fallait lui administrer un purgatif. Mais sa grand-mère la préserva de ce traitement.
Je vous plains si vous n'avez jamais entendu ce que disent les roses. Quant à moi, je regrette le temps où je l'entendais. C'est une faculté de l'enfance.