Fahrenheit 451 (Bradbury)
Résumé court
Dans un futur sombre, aux Etats-Unis, les livres étaient interdits et brûlés pour préserver l'ordre social. Les pompiers n'éteignaient plus les flammes mais les allumaient. Guy Montag faisait partie de ces pompiers, employé d'État d'environ 30 ans, initialement loyal au système qui brûle les livres, puis rebelle après une prise de conscience, tourmenté, en quête de sens, grand avec des cheveux noirs et un visage marqué par la suie.
Un soir, Montag rencontra une jeune fille aux pensées originales, qui bouleversa sa manière de sentir les choses. La rencontre avec cette voisine curieuse provoqua un doute profond dans son esprit. Témoin du suicide d'une vieille femme préférant mourir avec ses livres plutôt que de s'en séparer, Montag commença à remettre en question son existence vide. Déçu par sa femme indifférente et lobotomisée par les écrans omniprésents, Montag chercha conseil auprès d'un professeur retraité nommé Faber.
Pris la main dans le sac à cacher des ouvrages interdits, Montag fut contraint par son capitaine, Beatty, de réduire en cendres sa propre maison. Furieux et désespéré, Montag tua Beatty et s'enfuit, poursuivi par un limier mécanique, machine impitoyable à la poursuite implacable. En quittant la ville, il rejoignit un groupe de marginaux cachés dans les bois, érudits qui mémorisaient secrètement des livres.
« Nous sommes tous des morceaux d'histoire, de littérature et de droit international ; Byron, Tom Paine, Machiavel ou le Christ, tout est là... Et il se fait tard. Et la guerre a commencé. Et nous sommes ici, et la cité là-bas... »
À l'abri en forêt, ces hommes voyaient chacun comme essentielle mission de préserver une partie du savoir de l'humanité. Peu après, la ville fut détruite par une violente attaque aérienne, ne laissant presque aucun survivant. Conscients d'être désormais les gardiens de la mémoire humaine, Montag et ses nouveaux compagnons repartirent vers les ruines pour reconstruire ce qui restait du monde.
Résumé détaillé par parties
La division des parties en chapitres est éditoriale.
Première partie. Le foyer et la salamandre
Le métier de pompier et la rencontre avec Clarisse
Dans une société futuriste où les livres sont interdits et brûlés, Guy Montag travaillait comme pompier. Contrairement à leurs ancêtres qui éteignaient les incendies, les pompiers de son époque allumaient des feux pour détruire les livres. Montag prenait plaisir à voir les pages noircir et se transformer sous l'effet des flammes.
« Le plaisir d'incendier ! Quel plaisir extraordinaire c'était de voir les choses se faire dévorer, de les voir noircir et se transformer. Les poings serrés sur l'embout de cuivre, armé de ce python géant qui crachait son venin de pétrole sur le monde... »
Un soir, en rentrant chez lui, Montag rencontra sa nouvelle voisine, Clarisse McClellan, une jeune fille de dix-sept ans. Contrairement aux autres personnes de cette société, elle était curieuse, observatrice et posait des questions dérangeantes. Elle demanda à Montag s'il était heureux, une question qui le troubla profondément.
Au cours des jours suivants, Montag continua à rencontrer Clarisse lors de ses trajets. Elle lui parlait de choses simples comme l'odeur des feuilles ou la rosée du matin, des détails que personne ne remarquait plus. Elle lui raconta aussi comment les gens ne parlaient plus vraiment entre eux, ne s'intéressaient à rien de profond. Ces conversations commencèrent à éveiller des doutes chez Montag sur le sens de sa vie et de son travail.
La tentative de suicide de Mildred
En rentrant chez lui un soir, Montag découvrit sa femme Mildred inconsciente après avoir avalé tout un flacon de somnifères. Il appela le service d'urgence qui envoya des techniciens équipés de machines pour pomper son estomac et remplacer son sang. Ces hommes traitèrent l'incident avec une indifférence troublante, expliquant qu'ils avaient neuf ou dix cas similaires chaque nuit.
Le lendemain matin, Mildred ne se souvenait de rien et nia avoir tenté de se suicider. Elle était uniquement préoccupée par les émissions diffusées sur les trois murs-écrans de leur salon et rêvait d'en avoir un quatrième. Cette déconnexion de la réalité et ce déni troublèrent profondément Montag.
L'autodafé et le suicide de la vieille dame
Lors d'une intervention, Montag et ses collègues se rendirent dans la maison d'une vieille dame qui possédait une bibliothèque clandestine. Contrairement aux autres personnes prises en flagrant délit, elle refusa de quitter sa maison quand les pompiers commencèrent à asperger ses livres de pétrole.
Alors que Montag tentait de la faire sortir, la femme cita les dernières paroles du martyr Hugh Latimer avant son exécution : « Nous allons en ce jour, par la grâce de Dieu, allumer en Angleterre une chandelle qui, j'en suis certain, ne s'éteindra jamais. » Puis, à la stupéfaction des pompiers, elle alluma elle-même une allumette et se sacrifia avec ses livres.
Cet acte bouleversa Montag. Sur le chemin du retour, le capitaine Beatty, chef des pompiers, remarqua son trouble et lui expliqua que parfois les pompiers étaient curieux des livres qu'ils brûlaient, mais que cette curiosité passait vite. Il cita plusieurs auteurs pour montrer comment les livres se contredisaient et ne menaient qu'à la confusion.
Les doutes et le vol du livre
De retour à la caserne, Montag fut confronté au Limier mécanique, un robot-chien utilisé pour traquer les dissidents. La machine grogna à son approche, comme si elle détectait son trouble intérieur. Cette réaction inquiéta Montag, qui craignait que quelqu'un n'ait programmé le Limier contre lui.
Quelques jours plus tard, Montag apprit par sa femme que Clarisse était morte, renversée par une voiture, et que sa famille avait déménagé. Cette nouvelle le bouleversa profondément. Il commença à remettre en question son métier et le système dans lequel il vivait.
Montag révéla alors à Mildred qu'il avait volé un livre lors de l'intervention chez la vieille dame. Ce n'était pas la première fois : depuis un an, il cachait des livres derrière la grille du climatiseur. Mildred paniqua, craignant que leur maison ne soit brûlée et qu'ils ne soient arrêtés.
« Il y a plus d'une façon de brûler un livre... Le monde était plein d'incendies de toutes sortes et de toutes tailles. La corporation des tisseurs d'amiante allait devoir rouvrir ses portes très bientôt. »
Montag tomba malade, troublé par ses doutes et ses actions. Le capitaine Beatty, devinant son malaise, lui rendit visite. Il expliqua comment la société avait progressivement abandonné les livres au profit du divertissement facile et rapide. Les livres avaient été interdits non par un gouvernement tyrannique, mais par la population elle-même qui préférait le bonheur simple à la complexité troublante de la littérature.
Beatty donna à Montag vingt-quatre heures pour lire le livre volé et le brûler, affirmant que tous les pompiers passaient par cette phase de curiosité. Après son départ, Montag montra à Mildred tous les livres qu'il avait cachés et commença à les lire avec elle, cherchant désespérément un sens à sa vie.
Deuxième partie. Le tamis et le sable
La lecture des livres cachés
Montag et Mildred passèrent l'après-midi à lire les livres cachés. Tandis que Montag était profondément troublé par ce qu'il découvrait, Mildred restait indifférente, incapable de comprendre l'intérêt de ces textes. Elle préférait retourner à ses émissions interactives sur les murs-écrans.
Montag se souvint alors d'un vieil homme qu'il avait rencontré un an auparavant dans un parc, un ancien professeur d'anglais nommé Faber. Il décida de le contacter pour l'aider à comprendre les livres. Au téléphone, Faber se montra méfiant, mais Montag parvint à gagner sa confiance en mentionnant la Bible, un livre extrêmement rare dont il possédait peut-être le dernier exemplaire.
« Les livres n'étaient qu'un des nombreux types de réceptacles destinés à conserver ce que nous avions peur d'oublier. Ils n'ont absolument rien de magique. Il n'y a de magie que dans ce qu'ils disent, dans la façon dont ils cousent les pièces et les morceaux de l'univers... »
La rencontre avec le professeur Faber
Montag se rendit chez Faber avec la Bible et quelques billets. Le vieil homme, d'abord méfiant, finit par lui ouvrir sa porte. Il expliqua à Montag que ce n'étaient pas les livres eux-mêmes qui étaient importants, mais ce qu'ils contenaient : la qualité de l'information, le temps de réfléchir à cette information, et le droit d'agir en fonction de ce que l'on a appris.
Faber donna à Montag un petit dispositif électronique, une sorte d'oreillette qui lui permettrait de rester en contact avec lui. Il lui promit également de contacter un imprimeur au chômage pour reproduire des livres. Ensemble, ils élaborèrent un plan risqué : Montag cacherait des livres chez d'autres pompiers pour semer le doute au sein du système.
Avant de partir, Montag laissa la Bible à Faber. Sur le chemin du retour, dans le métro, il tenta de mémoriser des passages de l'Ecclésiaste, mais fut constamment distrait par une publicité assourdissante pour du dentifrice. Cette expérience lui fit comprendre à quel point la société était saturée de distractions superficielles qui empêchaient toute réflexion profonde.
La lecture de poésie et la dénonciation
De retour chez lui, Montag découvrit que Mildred avait invité ses amies, Mme Phelps et Mme Bowles, pour regarder les émissions sur les murs-écrans. Agacé par leur conversation superficielle sur la politique et leurs familles qu'elles négligeaient, Montag éteignit les écrans et sortit un livre de poésie.
Malgré les protestations de Mildred, Montag lut le poème « La Plage de Douvres » de Matthew Arnold. La lecture provoqua des réactions inattendues : Mme Phelps se mit à pleurer sans comprendre pourquoi, tandis que Mme Bowles s'emporta contre Montag pour avoir suscité des émotions désagréables. Les femmes partirent furieuses, et Mildred, bouleversée, alla se réfugier dans sa chambre.
Plus tard, Montag découvrit que Mildred avait caché les livres et en avait probablement brûlé certains. Il comprit qu'elle l'avait dénoncé aux pompiers. Cette trahison, ajoutée à la disparition de Clarisse et au suicide de la vieille dame, renforça sa détermination à agir contre le système.
Troisième partie. L'éclat de la flamme
L'affrontement avec Beatty
Le capitaine Beatty se présenta chez Montag avec les autres pompiers. À la grande horreur de Montag, ils étaient venus brûler sa propre maison. Beatty révéla qu'il savait depuis longtemps que Montag cachait des livres et qu'il attendait qu'il se trahisse. Il expliqua que c'était Mildred qui avait donné l'alerte, avant de s'enfuir avec ses valises.
Beatty força Montag à brûler sa propre maison avec son lance-flammes. Pendant qu'il s'exécutait, Beatty continua à le provoquer, citant des auteurs pour montrer l'inutilité des livres. Lorsque Montag eut terminé, Beatty découvrit l'oreillette qui le reliait à Faber et menaça de retrouver le vieil homme.
« On ne peut pas construire une maison sans clous ni bois. Si vous ne voulez pas que la maison soit construite, cachez les clous et le bois. Si vous ne voulez pas qu'un homme se rende malheureux avec la politique, n'allez pas lui casser la tête... »
Poussé à bout, Montag retourna son lance-flammes contre Beatty et le tua. Il assomma ensuite ses collègues Stoneman et Black, puis détruisit le Limier mécanique qui tentait de l'attaquer, non sans être blessé à la jambe par son aiguille empoisonnée.
La fuite à travers la ville
Montag s'enfuit avec quelques livres qu'il avait cachés dans son jardin. Il se rendit d'abord chez un collègue pompier pour y cacher des livres, espérant ainsi détourner les soupçons. Puis il se dirigea vers la maison de Faber, qui lui conseilla de fuir vers la campagne en suivant les voies de chemin de fer abandonnées, où il pourrait rejoindre des groupes d'intellectuels en exil.
Pendant sa fuite, Montag entendit à la radio que la guerre avait été déclarée. La ville entière était mobilisée pour le retrouver, avec des hélicoptères et un nouveau Limier mécanique. Pour échapper à ses poursuivants, il traversa la ville en zigzaguant, manquant d'être écrasé par une voiture de jeunes qui s'amusaient à renverser les piétons.
Finalement, Montag atteignit la rivière et s'y jeta pour effacer son odeur et échapper au Limier. Il se laissa porter par le courant, observant de loin comment les autorités, pour sauver la face, arrêtaient un innocent à sa place et diffusaient l'exécution à la télévision.
La rencontre avec les hommes-livres
Après avoir dérivé sur la rivière, Montag atteignit la rive et suivit une voie ferrée abandonnée. Il finit par découvrir un campement où des hommes étaient rassemblés autour d'un feu. Leur chef, Granger, l'accueillit et lui expliqua qu'ils étaient d'anciens professeurs, écrivains et penseurs qui avaient mémorisé des livres entiers pour les préserver.
« Chacun doit laisser quelque chose derrière soi à sa mort... Un enfant, un livre, un tableau, une maison, un mur que l'on a construit... Quelque chose que la main a touché d'une façon ou d'une autre pour que l'âme ait un endroit où aller après la mort... »
Granger expliqua à Montag que chacun d'entre eux était devenu un livre vivant, mémorisant une œuvre entière pour la transmettre aux générations futures, en attendant que la société soit prête à accueillir à nouveau les livres. Montag se joignit à eux, devenant le livre de l'Ecclésiaste qu'il avait commencé à mémoriser.
« Le phénix... Tous les cent ans, il dressait un bûcher et s'y immolait... Mais chaque fois qu'il se brûlait, il resurgissait de ses cendres, renaissait à la vie. Et on dirait que nous sommes en train d'en faire autant, sans arrêt... »
À l'aube, alors qu'ils partageaient un repas frugal, des bombardiers survolèrent la ville et la détruisirent entièrement dans une explosion nucléaire. Montag pensa à Mildred et à tous ceux qui avaient péri. Les hommes-livres et lui décidèrent de remonter vers la ville dévastée pour aider les survivants et, peut-être, reconstruire une nouvelle société où les livres et la pensée auraient à nouveau leur place.