L'Étranger (Camus)
Résumé très bref
Alger, années 1940. À la mort de sa mère, un jeune employé de bureau ne manifesta aucune émotion particulière. Le lendemain de l'enterrement, il alla se baigner avec Marie, une ancienne collègue, et entama une relation avec elle.
Meursault se lia d'amitié avec son voisin Raymond, qui le mêla à une histoire de vengeance contre son ex-maîtresse. Un dimanche, ils se rendirent à la plage où ils croisèrent le frère de cette femme et ses amis arabes. Une bagarre éclata, puis plus tard, Meursault retourna seul sur la plage.
J'ai secoué la sueur et le soleil. J'ai compris que j'avais détruit l'équilibre du jour, le silence exceptionnel d'une plage où j'avais été heureux. Alors, j'ai tiré encore quatre fois sur un corps inerte.
Arrêté et emprisonné, Meursault fut jugé non seulement pour le meurtre, mais aussi pour son comportement lors de l'enterrement de sa mère. Son indifférence apparente choqua plus que son crime. Le procureur insista sur son insensibilité et demanda la peine de mort.
En prison, Meursault reçut la visite d'un aumônier qu'il repoussa violemment, refusant toute consolation religieuse. Il accepta son sort, comprenant que sa mort prochaine donnait sens à sa vie et que l'indifférence du monde répondait à la sienne. Il souhaita avoir beaucoup de spectateurs le jour de son exécution, pour ne pas être seul face à la mort.
À travers ce procès et cette condamnation, la société punissait moins le meurtre que le refus de Meursault de jouer le jeu social et de manifester les émotions attendues. Son honnêteté absolue et son refus des conventions le conduisirent à l'échafaud.
Résumé détaillé par parties et chapitres
Les titres des parties et des chapitres sont éditoriaux.
Première partie. La vie quotidienne de Meursault
Chapitre 1. La mort de la mère et l'enterrement
Aujourd'hui, maman est morte. Ou peut-être hier, je ne sais pas. J'ai reçu un télégramme de l'asile : « Mère décédée. Enterrement demain. Sentiments distingués. » Cela ne veut rien dire. C'était peut-être hier.
Un jeune homme nommé Meursault a reçu la nouvelle du décès de sa mère à l'asile de Marengo. Il a pris l'autobus pour s'y rendre, faisant un trajet de 80 kilomètres sous la chaleur.
À l'asile, il a rencontré le directeur qui lui a parlé de sa mère et de sa vie dans l'établissement. Meursault a veillé le corps de sa mère toute la nuit, en compagnie d'autres pensionnaires. Le lendemain, l'enterrement a eu lieu sous une chaleur accablante. Le cortège a traversé le village jusqu'au cimetière, où Thomas Pérez, un ami proche de sa mère, s'est évanoui à cause de la chaleur. Tout au long de ces événements, Meursault est resté détaché, plus préoccupé par la chaleur et sa fatigue que par la mort de sa mère.
Chapitre 2. Le lendemain : la plage et le début de la relation avec Marie
Le lendemain de l'enterrement, Meursault est allé nager à la plage. Il y a rencontré Marie Cardona, une ancienne dactylo de son bureau.
Ils ont nagé ensemble et se sont rapprochés. Le soir, ils sont allés voir un film comique au cinéma. Marie a été surprise d'apprendre que la mère de Meursault était morte la veille, mais n'a pas insisté sur le sujet. Elle est venue passer la nuit chez lui.
Chapitre 3. L'amitié avec Raymond et la lettre
Meursault a fait la connaissance de son voisin, Raymond Sintès, qui lui a raconté ses problèmes avec une maîtresse qu'il soupçonnait de le tromper.
Raymond a demandé à Meursault de l'aider à écrire une lettre pour piéger sa maîtresse et se venger d'elle. Meursault a accepté sans hésitation, indifférent aux conséquences morales de son acte. Cette complicité a scellé leur amitié.
Chapitre 4. La demande en mariage et l'offre de Paris
Au bureau, le patron de Meursault lui a proposé un poste à Paris. Meursault est resté indifférent à cette opportunité, déclarant que cela ne changerait rien à sa vie. Le soir même, Marie lui a demandé s'il voulait l'épouser. Il a répondu que cela lui était égal, mais qu'ils pouvaient se marier si elle le souhaitait. Quand elle lui a demandé s'il l'aimait, il a répondu que cela ne signifiait rien mais qu'il ne l'aimait probablement pas.
Chapitre 5. La bagarre avec les Arabes
Un dimanche, Meursault, Marie, Raymond et un couple d'amis, Masson et sa femme, se sont rendus à la plage. Dans l'après-midi, ils ont croisé deux Arabes, dont le frère de l'ex-maîtresse de Raymond. Une bagarre a éclaté, et Raymond a été blessé au visage par un coup de couteau.
Chapitre 6. Le meurtre sur la plage
La chaleur était telle qu'il m'était pénible aussi de rester immobile sous la pluie aveuglante qui tombait du ciel. Rester ici ou partir, cela revenait au même.
Plus tard, Meursault est retourné seul sur la plage, portant le revolver de Raymond. Sous un soleil accablant, il a retrouvé l'un des Arabes près d'une source. L'éclat du soleil sur la lame du couteau de l'Arabe l'a aveuglé. Dans un moment de tension extrême, Meursault a tiré une première fois, puis quatre autres fois sur le corps inerte.
Deuxième partie. L'instruction et le procès
Chapitre 1. Les premiers interrogatoires
Après son arrestation, Meursault a été interrogé plusieurs fois. Le juge d'instruction s'est particulièrement intéressé à son manque d'émotion lors de l'enterrement de sa mère.
Le juge, fervent croyant, a tenté de le convertir, brandissant un crucifix et l'appelant l'Antéchrist quand Meursault a affirmé ne pas croire en Dieu. Son avocat lui a conseillé de ne pas dire qu'il ne regrettait rien, mais Meursault a persisté dans son honnêteté brutale.
Chapitre 2. La vie en prison
En prison, Meursault s'est adapté progressivement à sa nouvelle vie. Il a reçu la visite de Marie, mais on lui a ensuite interdit de la voir car elle n'était pas sa femme. Pour tuer le temps, il observait le ciel par la fenêtre de sa cellule, lisait et relisait un vieux fait divers trouvé dans sa paillasse, et se remémorait en détail sa vie passée.
Chapitre 3. Le début du procès
Le procès s'est ouvert en plein été. La cour a entendu plusieurs témoins, dont le directeur de l'asile, le concierge, Thomas Pérez, Raymond, Masson, Salamano, Marie et Céleste. Les témoignages ont surtout porté sur la personnalité de Meursault et son comportement lors de l'enterrement de sa mère.
Chapitre 4. Les plaidoiries et le verdict
Pendant les plaidoiries, le procureur a insisté sur l'insensibilité de Meursault, notamment lors de l'enterrement de sa mère, et sur sa liaison avec Marie le lendemain des funérailles. Il a dépeint Meursault comme un monstre moral, étranger à la société et à ses valeurs. L'avocat de la défense a tenté de présenter Meursault comme un homme honnête et travailleur, mais ses arguments semblaient faibles face à l'accusation.
Lui aussi savait pourquoi. Du fond de mon avenir, pendant toute cette vie absurde que j'avais menée, un souffle obscur remontait vers moi à travers des années qui n'étaient pas encore venues.
À la fin du procès, quand on lui a demandé s'il avait quelque chose à ajouter, Meursault a simplement déclaré qu'il n'avait pas eu l'intention de tuer l'Arabe et que c'était à cause du soleil. Le jury l'a condamné à mort.
Chapitre 5. L'attente de l'exécution et la visite de l'aumônier
Dans sa cellule, Meursault a attendu son exécution, refusant à plusieurs reprises de recevoir l'aumônier. Il réfléchissait à la possibilité d'échapper à la mécanique implacable de la justice et à la perspective de sa mort.
Pour la première fois depuis bien longtemps, j'ai pensé à maman. Il m'a semblé que je comprenais pourquoi à la fin d'une vie elle avait pris un « fiancé », pourquoi elle avait joué à recommencer.
L'aumônier est finalement venu le voir malgré son refus. Lors de leur conversation tendue, Meursault a explosé de colère, rejetant les certitudes du prêtre sur Dieu et l'au-delà. Il a affirmé sa conviction que toutes les vies se valaient et que la mort était la seule certitude.
De l'éprouver si pareil à moi, si fraternel enfin, j'ai senti que j'avais été heureux, et que je l'étais encore. Pour que tout soit consommé, pour que je me sente moins seul...
Dans ses derniers moments, Meursault a trouvé une paix paradoxale. Il s'est ouvert à ce qu'il appelait la tendre indifférence du monde et a souhaité avoir beaucoup de spectateurs le jour de son exécution, pour qu'ils l'accueillent avec des cris de haine.