Le Fantôme de l'Opéra (Leroux)
Résumé court
Paris, début du XXe siècle. Lorsque d'étranges événements surviennent à l'Opéra, on parle d'un mystérieux fantôme hantant les lieux. Christine Daaé, une jeune cantatrice suédoise, s'impose soudainement comme une chanteuse exceptionnelle, guidée par son maître invisible, l'Ange de la musique. Très vite, on découvre que cet ange n'est autre qu'Érik, un étrange individu vivant secrètement sous l'Opéra.
Érik aime passionnément Christine, mais cet amour est particulièrement sombre : « Apprends que je suis fait entièrement avec de la mort !... de la tête aux pieds !... et que c'est un cadavre qui t'aime, qui t'adore et qui ne te quittera plus jamais ! jamais !... Je vais faire agrandir le cercueil, Christine... »
« Apprends que je suis fait entièrement avec de la mort !... de la tête aux pieds !... et que c'est un cadavre qui t'aime, qui t'adore et qui ne te quittera plus jamais ! jamais !... Je vais faire agrandir le cercueil, Christine... »
Christine se retrouve prise au piège de ce fantôme fou d'elle. Elle est pourtant amoureuse de Raoul de Chagny, vicomte rencontré dans son enfance, déterminé à l'arracher à cette menace.
Raoul et un mystérieux Persan tentent une expédition périlleuse dans les sous-sols de l'Opéra pour sauver Christine. Érik leur tend un piège fatal, menaçant de faire exploser l'Opéra si Christine ne l'épouse pas. Finalement, touché par la compassion de Christine, Érik renonce à ses projets meurtriers. Il libère Christine et Raoul, avant de mourir seul dans les souterrains. Les jeunes amoureux peuvent commencer une nouvelle vie loin du drame.
Résumé détaillé par parties
La division des parties en sections est éditoriale.
Avant-propos
L'auteur commença son récit en affirmant avec conviction que le fantôme de l'Opéra avait réellement existé. Il n'était pas une simple légende ou une création de l'imagination, mais un être de chair et d'os. Pour prouver cette affirmation, l'auteur entreprit une enquête minutieuse, recueillant des témoignages et des preuves qui confirmaient l'existence du mystérieux personnage lié à l'enlèvement de Christine Daaé, à la disparition du vicomte de Chagny et à la mort de son frère, le comte Philippe.
Le fantôme de l'Opéra a existé. Ce ne fut point, comme on l'a cru longtemps, une inspiration d'artistes, une superstition de directeurs, la création falote des cervelles excitées de ces demoiselles du corps de ballet.
Partie 1: Erik
L'introduction du fantôme et le triomphe de Christine
L'histoire débuta lors de la soirée d'adieu des directeurs démissionnaires de l'Opéra, MM. Debienne et Poligny. Dans la loge de la Sorelli, une danseuse étoile, plusieurs ballerines se réfugièrent, terrifiées par l'apparition du fantôme. La petite Jammes et Meg Giry affirmèrent l'avoir aperçu dans un couloir, sous la forme d'un homme en habit noir qui surgissait et disparaissait mystérieusement.
Ce même soir, Christine Daaé, une jeune cantatrice, remplaça la Carlotta dans Faust et connut un triomphe inattendu. Sa performance éblouit le public par sa pureté et son émotion, révélant un talent jusqu'alors insoupçonné. Le vicomte Raoul de Chagny, qui la connaissait depuis l'enfance, fut bouleversé par sa prestation et se précipita dans sa loge après le spectacle.
Les directeurs face aux exigences du fantôme
Les nouveaux directeurs de l'Opéra, MM. Armand Moncharmin et Firmin Richard, découvrirent bientôt l'existence du fantôme. Lors d'une rencontre secrète, Debienne et Poligny leur révélèrent que le fantôme exigeait une mensualité de 20 000 francs et la réservation exclusive de la loge n°5. Ces exigences étaient même inscrites dans le cahier des charges de l'Opéra.
Sceptiques, les nouveaux directeurs ignorèrent ces avertissements et louèrent la loge n°5. Ils interrogèrent Mme Giry, l'ouvreuse de cette loge, qui leur raconta comment le fantôme lui demandait un petit banc et la récompensait généreusement. Malgré ces témoignages, Richard et Moncharmin restèrent incrédules et décidèrent d'assister eux-mêmes à une représentation dans la fameuse loge.
Le passé de Christine et le violon enchanté
Après son triomphe initial, Christine disparut mystérieusement de la scène publique. Raoul apprit qu'elle se rendait à Perros-Guirec pour l'anniversaire de la mort de son père. Il l'y suivit, se remémorant leur enfance commune : le père de Christine, violoneux suédois talentueux, leur racontait des histoires, notamment celle de l'Ange de la musique qui visitait les grands artistes. Il avait promis à sa fille de lui envoyer cet ange après sa mort.
« Vous rappelez-vous, Raoul, la légende de l'Ange de la musique ? [...] C'est ici aussi qu'il m'a dit : 'Quand je serai au ciel, mon enfant, je te l'enverrai.' Eh bien, Raoul, mon père est au ciel et j'ai reçu la visite de l'Ange de la musique. »
À Perros, Christine révéla à Raoul qu'elle avait reçu la visite de l'Ange de la musique. Cette nuit-là, Raoul entendit un violon jouer la Résurrection de Lazare dans le cimetière. En poursuivant cette musique dans l'église, il aperçut une tête de mort et s'évanouit. Le lendemain, il découvrit que Christine était partie, laissant derrière elle un mystère troublant.
La chute du lustre et la disparition de Christine
De retour à l'Opéra, les directeurs reçurent une lettre du fantôme exigeant que Christine chante le rôle de Marguerite dans Faust, que sa loge lui soit rendue et que Mme Giry soit réintégrée. En cas de refus, il menaçait de donner la représentation dans une salle "maudite". Ignorant ces avertissements, Richard et Moncharmin maintinrent Carlotta dans le rôle principal et s'installèrent dans la loge n°5 pour surveiller les événements.
Pendant la représentation, alors que Carlotta chantait, un incident étrange se produisit : sa voix se transforma en coassement de crapaud. Au même moment, une voix menaçante retentit dans la loge des directeurs, annonçant que le lustre allait tomber. Quelques instants plus tard, l'immense lustre s'écrasa sur l'orchestre, causant la mort d'une spectatrice.
« Si vous chantez ce soir, craignez qu'il ne vous arrive un grand malheur au moment même où vous chanterez... un malheur pire que la mort. » [...] « Elle chante ce soir à décrocher le lustre ! » D'un commun mouvement, ils levèrent la tête au plafond.
Suite à cette catastrophe, Christine disparut. Raoul, désespéré, se rendit chez Mme Valérius, la tutrice de Christine, qui lui confirma que la jeune femme était avec son "bon génie", l'Ange de la musique. Plus tard, le comte de Chagny informa son frère que Christine avait été aperçue dans le Bois de Boulogne en galante compagnie. Raoul reçut ensuite une lettre de Christine lui donnant rendez-vous au bal masqué de l'Opéra.
Le bal masqué et les révélations
Au bal masqué, Raoul, déguisé en Pierrot, retrouva Christine qui le conduisit à l'écart. Elle semblait terrifiée par un personnage déguisé en Mort Rouge, qu'elle identifiait comme l'Ange de la musique. Raoul, jaloux et blessé, accusa Christine de se moquer de lui. Elle lui demanda pardon et lui fit ses adieux, refusant de lui révéler où elle retournait.
Raoul se cacha dans le boudoir de la loge de Christine et l'entendit murmurer : "Pauvre Érik !". Une voix masculine se fit entendre à travers les murs, et Christine sembla entrer en transe. Lorsque Raoul tenta de la saisir, elle disparut comme par enchantement à travers un miroir.
Le lendemain, Raoul retrouva Christine chez Mme Valérius. Elle lui demanda d'oublier "la voix d'homme" et de ne plus chercher à percer ce mystère. Raoul, ayant découvert que l'Ange de la musique s'appelait Érik, confronta Christine qui, terrifiée, craignit pour sa vie. Elle finit par lui promettre de l'appeler dans sa loge le lendemain.
Sur les toits de l'Opéra et la jalousie du fantôme
Pendant les semaines qui suivirent, Christine et Raoul se rencontrèrent régulièrement à l'Opéra, explorant les recoins du bâtiment. Un jour, Christine mit en garde Raoul contre les trappes, lui disant que tout ce qui se trouvait sous terre appartenait à Érik. Ils décidèrent de se réfugier sur les toits, loin des trappes et des souterrains.
« Vous m'avez fait visiter les dessus de votre empire, Christine... mais on raconte d'étranges histoires sur les dessous... » Elle le prit dans ses bras et lui dit tout bas en tremblant : « Tout ce qui est sous la terre lui appartient ! »
Sur les toits, Christine révéla à Raoul qu'elle n'avait plus qu'un jour avant qu'Érik ne vienne la chercher. Elle lui raconta comment elle avait d'abord cru que la voix qui lui donnait des leçons était celle de l'Ange de la musique promis par son père. Après trois mois de leçons mystérieuses, elle avait finalement découvert qu'Érik était un homme qui vivait dans les souterrains de l'Opéra.
Christine décrivit comment, après la chute du lustre, Érik l'avait enlevée et emmenée dans sa demeure souterraine au bord d'un lac. Elle avait arraché son masque et découvert son visage horrible. Malgré sa terreur, elle était revenue auprès de lui, touchée par son désespoir. Elle supplia Raoul de l'emmener loin d'Érik le lendemain soir, après sa dernière représentation.
Alors qu'ils scellaient leur promesse d'un baiser, ils aperçurent deux yeux de braise qui les observaient, accrochés à la lyre d'Apollon. Érik avait découvert leur secret.
Partie 2: Le Mystère des trappes
La seconde disparition de Christine
Le soir suivant, Raoul prépara l'enlèvement de Christine. Une berline attendait près de l'Opéra. Pendant la représentation de Faust, Christine chanta avec une passion extraordinaire, mais au moment culminant de sa performance, les lumières s'éteignirent. Lorsqu'elles se rallumèrent, Christine avait disparu de la scène, enlevée par Érik.
Dans les coulisses, la confusion régnait. Le chef d'éclairage et ses assistants avaient été drogués, et personne ne comprenait comment l'obscurité avait été provoquée. Les directeurs, Richard et Moncharmin, étaient étrangement préoccupés par une épingle de nourrice et semblaient indifférents à la disparition de Christine.
Raoul, désespéré, tenta en vain de retrouver Christine. Il chercha frénétiquement l'entrée des souterrains, convaincu qu'Érik l'avait emmenée dans sa demeure près du lac. Alors qu'il errait dans les couloirs, il fut abordé par un mystérieux personnage : le Persan.
Les secrets du fantôme révélés
Pendant ce temps, l'enquête sur la disparition des 20 000 francs du fantôme révéla que Mme Giry avait servi d'intermédiaire involontaire. Elle substituait l'enveloppe contenant les vrais billets par une autre remplie de faux billets, glissant la première dans la poche de Richard. Malgré leurs précautions, les directeurs furent à nouveau victimes du vol mystérieux.
Le commissaire Mifroid, chargé d'enquêter sur la disparition de Christine, interrogea Raoul. Celui-ci tenta d'expliquer que Christine avait été enlevée par Érik, le Fantôme de l'Opéra, mais le commissaire ne le crut pas. Il suggéra plutôt que le comte Philippe, opposé au mariage de son frère avec Christine, avait enlevé la jeune femme.
Raoul, prêt à poursuivre son frère, fut arrêté par le Persan qui lui révéla que Christine était toujours à l'Opéra, prisonnière d'Érik. Le Persan connaissait Érik depuis longtemps et savait comment accéder à sa demeure souterraine. Il proposa à Raoul de l'aider à sauver Christine.
L'alliance du Persan et du vicomte
Le Persan conduisit Raoul dans la loge de Christine et lui montra le mécanisme secret qui faisait pivoter le miroir, révélant un passage vers les souterrains. Il lui donna un pistolet et lui enseigna comment se protéger du "lacet du Pendjab", une arme mortelle qu'Érik maniait avec une habileté redoutable. Le Persan insista pour que Raoul garde toujours sa main à hauteur de son œil.
Ensemble, ils traversèrent le miroir et s'enfoncèrent dans les profondeurs de l'Opéra. Ils découvrirent que le chef d'éclairage et ses assistants avaient été drogués, ce qui expliquait l'extinction des lumières pendant l'enlèvement de Christine. Poursuivant leur descente, ils atteignirent les dessous de l'Opéra, un labyrinthe de machineries et de trappes.
Le Persan expliqua à Raoul qu'il était impossible d'approcher la demeure d'Érik par le lac, car celui-ci était gardé par une sirène dont le chant attirait les imprudents vers la noyade. Le seul moyen d'y pénétrer était de passer par le troisième dessous, à l'endroit où Joseph Buquet avait été retrouvé pendu.
Dans les profondeurs de l'Opéra
Dans les souterrains, Raoul et le Persan rencontrèrent d'étranges phénomènes : une tête en feu sans corps qui se révéla être celle du tueur de rats, et des milliers de rongeurs qui les assaillirent. Ils parvinrent finalement à l'entrée secrète de la demeure d'Érik et y pénétrèrent, se retrouvant dans une pièce hexagonale aux murs couverts de miroirs : la chambre des supplices.
Le Persan reconnut cette chambre qu'Érik avait conçue en Perse pour torturer les condamnés. À travers les murs, ils entendirent Érik proposer à Christine un choix terrible : l'épouser ou causer la mort de centaines de personnes. Christine supplia Raoul et le Persan de fuir, craignant qu'Érik ne les tue s'il les découvrait.
Il est d'une prodigieuse maigreur et son habit noir flotte sur une charpente squelettique. Ses yeux sont si profonds qu'on ne distingue pas bien les prunelles immobiles. On ne voit, en somme, que deux grands trous noirs comme aux crânes des morts.
La chambre des supplices
Érik découvrit la présence des intrus et activa le mécanisme de la chambre des supplices. Les miroirs créèrent l'illusion d'une forêt tropicale infinie, tandis que la température s'élevait progressivement. Raoul et le Persan, pris au piège, commencèrent à souffrir de la chaleur et des hallucinations. Ils entendaient des rugissements de fauves et voyaient des mirages.
Après des heures de torture, le Persan découvrit par hasard le mécanisme qui ouvrait une trappe dans le sol. Ils descendirent dans une cave remplie de tonneaux qui, à leur grande horreur, contenaient de la poudre. Ils comprirent qu'Érik avait prévu de faire sauter l'Opéra si Christine refusait de l'épouser.
« C'est à prendre ou à laisser ! La messe de mariage ou la messe des morts. » [...] « Oui ou non ! Si c'est non, tout le monde est mort et enterré ! » Pouvait-on imaginer plus effroyable crime pour quitter le monde dans une apothéose d'horreur ?
Le scorpion, la sauterelle et l'amour du fantôme
Érik avait donné à Christine un ultimatum : tourner le scorpion signifierait "oui" à sa demande en mariage, tourner la sauterelle signifierait "non" et déclencherait l'explosion. À travers les murs, Raoul et le Persan implorèrent Christine de tourner le scorpion. Après un moment d'hésitation angoissante, elle obéit.
Au lieu de l'explosion redoutée, un sifflement se fit entendre : de l'eau envahit la cave, noyant la poudre mais menaçant aussi de noyer Raoul et le Persan. L'eau monta rapidement, les forçant à s'accrocher à l'arbre de fer de la chambre des supplices. Épuisés, ils perdirent connaissance alors que l'eau atteignait leur menton.
Lorsque le Persan reprit conscience, il se trouvait dans la chambre Louis-Philippe de la demeure d'Érik. Christine veillait sur lui et Raoul, tandis qu'Érik annonçait qu'il allait les reconduire sur terre "pour faire plaisir à sa femme". Le Persan comprit que Christine avait accepté d'épouser Érik pour les sauver.
L'épilogue et la fin des amours du fantôme
Le Persan se réveilla chez lui, soigné par son serviteur Darius. Il apprit que le comte Philippe avait été retrouvé mort sur la berge du lac de l'Opéra. Quelques jours plus tard, Érik rendit visite au Persan. Affaibli et mourant, il raconta les événements qui avaient suivi.
Érik révéla que Christine l'avait embrassé sur le front, malgré son visage horrible, et avait pleuré avec lui. Touché par sa compassion, il avait décidé de la libérer, ainsi que Raoul, qu'il avait enfermé dans le caveau des communards. Il leur avait donné un anneau d'or comme cadeau de noces et les avait laissés partir ensemble.
« Il ne m'a manqué que d'être aimé pour être bon ! » [...] « Écoute, daroga... pendant que j'étais à ses pieds... j'ai entendu qu'elle disait : 'Pauvre malheureux Érik !' et elle a pris ma main !... Moi, je n'ai plus été qu'un pauvre chien prêt à mourir pour elle... »
Trois semaines plus tard, le journal l'Époque publia une simple annonce nécrologique : « ÉRIK EST MORT. » L'auteur affirma avoir retrouvé son cadavre lors de travaux dans les souterrains de l'Opéra, reconnaissable à l'anneau d'or que Christine lui avait glissé au doigt. Quant à Christine et Raoul, ils avaient disparu, probablement pour vivre leur amour loin des tragédies du passé.
« Pourquoi Dieu a-t-il fait un homme aussi laid que celui-là ? Je suis sûr, bien sûr, d'avoir prié sur son cadre, l'autre jour quand on l'a sorti de la terre... Il était fait entièrement avec de la mort... de la tête aux pieds ! »