Le Papa de Simon (Maupassant)
Résumé très court
Village français, XIXe siècle. Simon vint pour la première fois à l'école. Les autres enfants découvrirent qu'il n'avait pas de père et le tourmentèrent cruellement.
Battu et humilié, Simon s'enfuit vers la rivière pour se noyer. Un ouvrier forgeron le trouva en pleurs et le ramena chez sa mère.
— Voulez-vous être mon papa ? Un grand silence se fit. La Blanchotte, muette et torturée de honte, s'appuyait contre le mur, les deux mains sur son cœur.
Philippe accepta et courut la Blanchotte. Un jour, Simon lui demanda de devenir vraiment son père. Philippe épousa la Blanchotte. Simon put enfin dire fièrement à l'école que Philippe Remy était son papa.
Résumé détaillé
La division en chapitres est éditoriale.
La confrontation à lécole et lhumiliation de Simon
À la sortie de l'école, les enfants ne se dispersèrent pas comme d'habitude mais se rassemblèrent en groupes pour chuchoter. Ce matin-là, Simon était venu en classe pour la première fois. Tous connaissaient sa mère, la Blanchotte, que leurs familles traitaient avec une compassion méprisante, attitude qui avait gagné les enfants sans qu'ils en comprennent la raison.
Les enfants ne connaissaient pas Simon car il ne sortait jamais et ne jouait pas avec eux. Un garçon de quatorze ou quinze ans, qui paraissait tout savoir, révéla le secret avec malice.
— Vous savez… Simon… eh bien, il n'a pas de papa... Un grand silence se fit. Les enfants étaient stupéfaits par cette chose extraordinaire, impossible, monstrueuse
Quand Simon sortit de l'école, les enfants l'entourèrent et le questionnèrent sur son nom de famille. Confus, l'enfant ne put que répéter « Simon ». Face à cette révélation, les enfants éprouvèrent un mépris cruel envers ce garçon qui n'avait pas de père. Simon tenta de se défendre en affirmant qu'il en avait un, mais ne put dire où il était. Un fils de veuve se vanta fièrement d'avoir son père au cimetière, ce qui parut supérieur à Simon qui n'en avait aucun.
Le désespoir au bord de la rivière
Une bagarre éclata. Simon fut battu et humilié. Les enfants dansèrent autour de lui en chantant « Pas de papa ! pas de papa ! ». Fou de rage, Simon lança des pierres sur ses bourreaux qui s'enfuirent, lâches devant sa colère. Resté seul, l'enfant courut vers les champs, une terrible résolution en tête.
Il voulait se noyer dans la rivière... Simon voulait aussi se noyer parce qu'il n'avait pas de père, comme ce misérable qui n'avait pas d'argent.
Arrivé près de l'eau, Simon regarda couler la rivière. Les poissons qui folâtraient dans le courant l'intéressèrent momentanément, mais la pensée douloureuse revenait sans cesse. La chaleur du soleil et sa fatigue lui donnaient parfois envie de s'endormir sur l'herbe. Il joua avec une petite grenouille verte, ce qui lui rappela un jouet et sa maison. Pris d'une grande tristesse, il se mit à genoux pour réciter sa prière, mais les sanglots l'envahirent complètement.
Soudain, une lourde main se posa sur son épaule. Un grand ouvrier aux cheveux et à la barbe noirs frisés le regardait avec bonté. Simon lui expliqua entre ses larmes qu'on l'avait battu parce qu'il n'avait pas de papa. L'homme reconnut le fils de la Blanchotte et, souriant, proposa de l'accompagner chez sa mère pour lui donner un papa.
L'ouvrier n'était pas fâché de voir la Blanchotte, réputée une des plus belles filles du pays, se disant peut-être qu'une jeunesse qui avait failli pouvait bien faillir encore.
La rencontre avec Philippe le forgeron
Ils arrivèrent devant une petite maison blanche très propre. Une femme apparut sur le seuil, et l'ouvrier cessa de sourire en comprenant qu'on ne badinait pas avec cette grande fille pâle qui défendait sa maison où elle avait déjà été trahie. Intimidé, il expliqua qu'il ramenait l'enfant qui s'était perdu près de la rivière.
Simon raconta à sa mère qu'il avait voulu se noyer à cause des moqueries. La jeune femme rougit violemment et embrassa son enfant avec passion tandis que des larmes coulaient sur son visage. L'homme ému ne savait comment partir quand Simon lui demanda s'il voulait être son papa. Devant le silence, l'enfant menaça de retourner se noyer. Philippe accepta en plaisantant et donna son prénom à Simon qui l'embrassa avant de s'enfuir à grandes enjambées.
La cour de Philippe et la demande en mariage
Le lendemain à l'école, Simon annonça fièrement que son papa s'appelait Philippe, mais les enfants se moquèrent encore, questionnant l'identité de ce Philippe. Un camarade fit remarquer que si Philippe était vraiment son père, il serait le mari de sa mère. Troublé, Simon se rendit à la forge où travaillait Philippe.
Dans la forge sombre éclairée par le feu, cinq forgerons frappaient leurs enclumes. Simon demanda à Philippe pourquoi on disait qu'il n'était pas son papa « tout à fait ». L'enfant expliqua naïvement que c'était parce que Philippe n'était pas le mari de sa mère. Les forgerons se regardèrent, et l'un d'eux prit la parole pour défendre la Blanchotte.
C'est tout de même une bonne et brave fille que la Blanchotte... et qui serait une digne femme pour un honnête homme... Est-ce sa faute, à cette fille, si elle a failli ?
Philippe envoya Simon dire à sa mère qu'il viendrait lui parler le soir. Les marteaux reprirent leur travail, celui de Philippe dominant tous les autres dans un vacarme joyeux. Le soir venu, Philippe se présenta chez la Blanchotte en habits du dimanche. La jeune femme lui reprocha de venir ainsi la nuit. Il lui demanda brusquement si elle voulait être sa femme. Simon entendit le bruit d'un baiser et des mots murmurés.
La victoire de Simon à lécole
Philippe souleva Simon dans ses bras d'hercule et lui dit d'annoncer à ses camarades que son papa était Philippe Remy le forgeron, et qu'il tirerait les oreilles à tous ceux qui lui feraient du mal. Le lendemain à l'école, Simon se leva et déclara d'une voix claire son nouveau nom de famille.
Mon papa, c'est Philippe Remy, le forgeron, et il a promis qu'il tirerait les oreilles à tous ceux qui me feraient du mal... personne ne rit plus, car on le connaissait bien
Cette fois, personne ne rit, car Philippe Remy le forgeron était bien connu et respecté. C'était un papa dont tout le monde aurait été fier.