Le lit 29 (Maupassant)

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Le lit 29
1884
Résumé de la nouvelle
L'original se lit en 26 minutes
Micro-résumé
Un officier et une courtisane s'aiment. La guerre les sépare. Il revient couvert de gloire. Elle, contaminée par l'ennemi, a utilisé sa maladie comme une arme. Humilié, il l'abandonne à la mort.

Résumé très court

France, 1868. Un bel officier de hussards paradait dans les rues de Rouen, séduisant toutes les femmes sur son passage.

🧔🏼
Capitaine Épivent — officier de hussards, environ 30-35 ans, bel homme vaniteux et séducteur, chauve, moustache blonde superbe, taille mince, cuisse admirable, fier de son apparence.

Il devint l'amant d'une belle courtisane et afficha cette liaison pendant plus d'un an, se sentant grandi par cette conquête.

👩🏼
Irma (Irma Pavolin) — jeune femme, fille entretenue puis maîtresse du capitaine, belle, passionnée, mourante de syphilis à l'hôpital, cheveux dénoués, visage pâle et maigre.

Puis la guerre éclata. Le capitaine partit au front, se conduisit héroïquement et reçut la croix. À son retour, il apprit qu'Irma avait disparu. Un jour, il reçut une lettre : elle était à l'hôpital, gravement malade. Il s'y rendit et découvrit qu'elle était atteinte de syphilis. Elle lui expliqua que les Prussiens l'avaient prise de force et contaminée. Par vengeance, elle ne s'était pas soignée pour les empoisonner à leur tour. Le capitaine fut horrifié et gêné. Ses camarades apprirent la vérité et se moquèrent de lui, l'appelant « la femme aux Prussiens ». Humilié, il refusa de retourner la voir. Mourante, Irma le fit appeler par l'aumônier. Il vint à contrecœur et lui reprocha d'avoir déshonoré la ville. Elle se défendit avec colère :

Avec ça que vous leur avez fait bien du mal aux Prussiens !... C'est vous qui deviez les arrêter... Et je leur ai fait plus de mal que toi, moi, oui, plus de mal, puisque je vais mourir

Le capitaine s'enfuit, poursuivi par les cris d'Irma. Le lendemain, il apprit qu'elle était morte.

Résumé détaillé

La division en chapitres est éditoriale.

Portrait du capitaine Épivent et sa réputation de conquérant

Le capitaine Épivent incarnait le type même du bel officier de hussards. Dans les rues, toutes les femmes se retournaient sur son passage. Il paradait constamment, fier de sa cuisse admirable, de sa taille mince et de sa moustache superbe.

Il présentait vraiment le type du bel officier de hussards... fier et préoccupé de sa cuisse, de sa taille et de sa moustache... La première était blonde, très forte, tombant martialement sur la lèvre

Le capitaine méprisait profondément les bourgeois et ne leur accordait pas plus d'attention qu'aux moineaux. Pour lui, seuls les officiers comptaient, et parmi eux, il ne respectait que les beaux hommes, car la vraie qualité du militaire devait être la prestance. Il classait même les généraux selon leur taille et leur allure.

Arrivée à Rouen et liaison avec Irma

En 1868, le régiment du capitaine, le 102e hussards, vint tenir garnison à Rouen. Chaque soir vers cinq heures, Épivent apparaissait sur le cours Boieldieu pour prendre l'absinthe au café de la Comédie, mais avant d'entrer, il faisait toujours un tour sur la promenade pour exhiber sa jambe, sa taille et sa moustache. Les commerçants rouennais murmuraient en le voyant passer, et les femmes avaient un petit mouvement de tête particulier, comme si elles se sentaient faibles devant lui.

Parmi les filles entretenues de la ville, c'était une véritable course pour l'enlever. Un soir, la belle Irma, maîtresse du riche manufacturier Templier-Papon, fit arrêter sa voiture devant la Comédie et lui jeta un regard qui signifiait clairement « Quand vous voudrez ».

Le lendemain, le capitaine passa plusieurs fois en grande tenue sous ses fenêtres. Elle le vit, se montra, sourit. Le soir même, il devint son amant. Ils s'affichèrent publiquement, se donnèrent en spectacle, fiers tous deux de cette liaison. Seul Templier-Papon ignorait leurs amours.

Pendant plus d'un an il promena, étala, déploya dans Rouen cet amour, comme un drapeau pris à l'ennemi. Il se sentait grandi par cette conquête, envié, plus sûr de l'avenir, plus sûr de la croix

La guerre éclate et les adieux

La guerre éclata et le régiment du capitaine fut envoyé à la frontière parmi les premiers. Les adieux furent lamentables et durèrent toute une nuit. La chambre était bouleversée comme après une bataille, avec l'uniforme et les vêtements d'Irma éparpillés partout. Folle de désespoir, Irma jetait ses bras autour du cou de l'officier, se roulait sur le sol, renversait les meubles et mordait les pieds des fauteuils, tandis que le capitaine répétait : « Irma, ma petite Irma, pas à dire, il le faut. »

Au jour levant, ils se séparèrent. Elle suivit son amant en voiture jusqu'à la première étape et l'embrassa presque en face du régiment. Les camarades trouvèrent cela très gentil, très digne, et serrèrent la main du capitaine. On voyait vraiment là-dedans quelque chose de patriotique.

Retour à Rouen et première visite à lhôpital

Le régiment fut fort éprouvé pendant la campagne. Le capitaine se conduisit héroïquement et reçut enfin la croix. Quand la guerre se termina, il revint à Rouen en garnison. Aussitôt de retour, il demanda des nouvelles d'Irma, mais personne ne put lui en donner de précises. Certains disaient qu'elle avait fait la noce avec l'état-major prussien, d'autres qu'elle s'était retirée chez ses parents cultivateurs.

Un matin, au mess, un commissionnaire lui remit une enveloppe. C'était une lettre d'Irma qui lui annonçait qu'elle était à l'hôpital, bien malade, et lui demandait de venir la voir. Le capitaine devint pâle et déclara qu'il irait aussitôt après le déjeuner. Pendant tout le repas, il raconta aux officiers qu'Irma était à l'hôpital, mais qu'il l'en ferait sortir. C'était encore la faute de ces sacrés Prussiens.

Après le déjeuner, il se rendit à l'hôpital civil. L'entrée lui fut d'abord refusée, et il dut obtenir une autorisation du directeur par l'intermédiaire de son colonel. Un garçon de service le guida dans les longs corridors où flottait une odeur fade de moisi et de médicaments. Soudain, le guide s'arrêta devant une galerie. Sur la porte, on lisait en grosses lettres : « Syphilitiques ». Le capitaine tressaillit et se sentit rougir.

Sur la porte on lisait, en grosses lettres : « Syphilitiques ». Le capitaine tressaillit ; puis il se sentit rougir... Un frisson de peur et de dégoût courut sur la peau du capitaine

L'infirmière le conduisit jusqu'au lit 29. On ne voyait qu'un renflement des couvertures, la tête était cachée sous le drap. Le capitaine murmura : « Irma. » Le visage de sa maîtresse apparut, si changé, si fatigué, si maigre qu'il ne le reconnaissait pas. Elle haletait, suffoquée par l'émotion, et des larmes coulèrent de ses yeux. Elle lui expliqua que les Prussiens l'avaient prise presque de force et l'avaient empoisonnée.

La vérité sur Irma et lhumiliation du capitaine

Le capitaine promit de revenir, mais le soir même, ses camarades lui demandèrent des nouvelles d'Irma. Il répondit d'un ton gêné qu'elle avait eu une fluxion de poitrine. Mais un petit lieutenant, flairant quelque chose, alla aux informations. Le lendemain, quand le capitaine entra au mess, il fut accueilli par une décharge de rires et de plaisanteries. On apprit qu'Irma avait fait une noce enragée avec l'état-major prussien et qu'à Rouen, on ne l'appelait plus que la « femme aux Prussiens ».

Pendant huit jours, le capitaine fut la victime du régiment. Il recevait par la poste des notes révélatrices et des indications de médecins spécialistes. Le colonel déclara d'un ton sévère qu'il avait là une jolie connaissance. Quand Irma lui écrivit de nouveau, il déchira la lettre avec rage et ne répondit pas.

Confrontation finale et mort dIrma

Après quelques jours, il reçut la visite de l'aumônier de l'hôpital. Irma, à son lit de mort, le suppliait de venir. Il n'osa pas refuser, mais entra dans l'hôpital le cœur gonflé de rancune. Il ne la trouva guère changée et pensa qu'elle s'était moquée de lui. Quand il lui dit qu'il ne voulait plus revenir parce qu'elle le rendait la risée du régiment, Irma se redressa dans son lit et s'écria qu'elle avait voulu se venger des Prussiens en les empoisonnant.

Non, j'ai voulu me venger, quand j'aurais dû en crever ! Et je les ai empoisonnés aussi, tous, tous, le plus que j'ai pu. Tant qu'ils ont été à Rouen je ne me suis pas soignée.

Le capitaine déclara que c'était honteux. Irma eut une sorte d'étouffement et lui reprocha de ne pas avoir fait autant qu'elle avec sa croix d'honneur. Elle lui cria qu'elle avait tué plus de Prussiens que tout son régiment réuni. Le capitaine, stupéfait et frémissant d'indignation, bégayait : « Tais-toi... tu sais... tais-toi... » Mais elle ne se taisait pas et criait de plus en plus fort.

Il s'enfuit, passant entre les deux rangs de lits où s'agitaient les syphilitiques, et dégringola l'escalier quatre à quatre. Le lendemain, il apprit qu'elle était morte.