Mont Oriol (Maupassant)
Résumé très court
Station thermale d'Enval, Auvergne, années 1880. Le banquier juif William Andermatt accompagna son épouse Christiane à la cure thermale. La jeune femme, fille du marquis de Ravenel, souffrait d'anémie et de mélancolie. Son frère Gontran et leur ami Paul Brétigny les rejoignirent. L'explosion d'un rocher sur les terres du père Oriol révéla une nouvelle source d'eau minérale bouillonnante. Andermatt, voyant l'opportunité commerciale, décida de transformer Enval en grande ville d'eaux capable de rivaliser avec les stations établies.
Le père Oriol et ses deux filles, Louise et Charlotte, devinrent centraux dans les projets d'Andermatt. Pour démontrer les vertus curatives de l'eau, Oriol utilisa le vieux Clovis qui feignit une guérison miraculeuse. Pendant l'absence d'Andermatt parti négocier à Paris, Christiane et Paul se rapprochèrent. Un soir aux ruines de Tournoël, Paul lui déclara sa passion et ils devinrent amants. Christiane découvrit l'amour véritable, transformée par cette passion qui donnait un sens nouveau à sa vie.
Elle comprit que, même entre les bras de cet homme... ils s'étaient seulement un peu rapprochés jusqu'à faire toucher les impénétrables enveloppes où la mystérieuse nature a isolé et enfermé les humains.
L'année suivante, la nouvelle station Mont-Oriol ouvrit avec succès. Christiane, enceinte de six mois, revint avec Andermatt. Paul, mal à l'aise face à cette grossesse, s'éloigna d'elle. Gontran, criblé de dettes, courtisa Charlotte Oriol pour sa dot mais dut finalement épouser l'aînée Louise dont les terres intéressaient Andermatt. Paul tomba amoureux de Charlotte et demanda sa main. Christiane apprit leur engagement et accoucha prématurément d'une fille, Arlette, après quinze heures de souffrance.
Résumé détaillé par parties et chapitres
Les titres des parties et des chapitres sont éditoriaux.
Partie 1. Les débuts dEnval et la naissance de lamour
Chapitre 1. Larrivée à Enval et les premiers médecins
La station thermale d'Enval accueillit les premiers baigneurs matinaux qui se promenaient le long d'un ruisseau. L'établissement principal servait à la fois de centre de traitement thermal au rez-de-chaussée et de casino, café et salle de billard à l'étage. Le Docteur Bonnefille, qui avait découvert la source principale, avait établi la station six ans auparavant.
Il était l'inspecteur des eaux et de l'établissement thermal, observant les patients comme un capitaine. Deux nouveaux médecins arrivèrent : le Docteur Honorat et le Docteur Latonne, ce dernier développant immédiatement une rivalité avec Bonnefille. Le marquis de Ravenel approcha Bonnefille, exprimant ses inquiétudes pour sa fille Christiane malgré ses propres problèmes rénaux.
Chapitre 2. Lexplosion du morne et la découverte de la source
Christiane, petite femme blonde et pâle aux yeux bleus résolus, souffrait de maux vagues et d'anémie.
Son mari William Andermatt, banquier juif corpulent et chauve, l'avait épousée pour des raisons financières. Le Docteur Latonne proposa une méthode diagnostique moderne, examinant les organes de Christiane. L'événement principal fut l'explosion du morne du père Oriol, une roche qui obstruait son vignoble depuis des années. L'explosion révéla une nouvelle source d'eau minérale bouillonnante.
Chapitre 3. Les projets dAndermatt et les négociations
Andermatt exprima son ambition de transformer Enval en grande ville d'eaux, surpassant les stations rivales.
M. Aubry-Pasteur, ancien ingénieur des mines, expliqua la géologie des sources minérales auvergnates. Andermatt se réjouit de ces perspectives et révéla sa stratégie commerciale, comparant les affaires à une guerre où l'argent était l'arme principale. Il visita les Oriol pour négocier l'achat des terres où la nouvelle source avait jailli.
Moi, je vois les pièces de cent sous comme de petits troupiers en culotte rouge, les pièces de vingt francs comme des lieutenants bien luisants, les billets de cent francs comme des capitaines, et ceux de mille comme des généraux. Et je me bats, sacrebleu !
Chapitre 4. Les stratagèmes des Oriol et les premiers bains
Les Oriol, père et fils, discutèrent des moyens d'attiser l'intérêt d'Andermatt. Le père Oriol eut l'idée d'utiliser le père Clovis, un vieil homme prétendument paralysé, pour démontrer les vertus curatives de l'eau. Ils conclurent un accord : Clovis prendrait des bains quotidiens contre rémunération et feindrait la guérison. Christiane prit son premier bain dans la nouvelle source, ressentant un bien-être extraordinaire.
Oh ! Que je serai heureuse ici. Et elle se sentait heureuse déjà, pénétrée par ce bien-être qui envahit la chair et le cœur, vous fait respirer à l'aise, vous rend alerte et léger quand on entre tout à coup dans un pays qui caresse vos yeux, qui vous charme et vous égaye.
Chapitre 5. La fête de charité et les relations sociales
Christiane organisa une fête de charité avec l'aide de l'abbé Litre, choisissant les jeunes filles Oriol comme quêteuses. Louise, l'aînée, était plus grave et distinguée, tandis que Charlotte, la cadette, se montrait plus vive et gracieuse. Paul Brétigny accompagna Christiane, exprimant sa sensibilité extrême à la musique et aux émotions. Il développa une philosophie valorisant les passions intenses.
Chapitre 6. La naissance de lamour entre Paul et Christiane
Après le départ d'Andermatt pour Paris, Christiane se sentit légère et joyeuse. Elle rendait visite quotidiennement au paralytique avec son père, son frère Gontran et Paul Brétigny.
Paul changea d'attitude envers Christiane, devenant moins rieur et plus respectueux. Leurs conversations devinrent intimes, abordant des sujets sentimentaux. Paul lui dépeignait un monde inconnu, exprimant les subtilités du désir avec une poésie entraînante. Christiane commença à jouer avec lui, le quittant brusquement quand il semblait ému, éveillant sa coquetterie native.
Chapitre 7. La passion déclarée et les premières nuits damour
Christiane se réveilla emplie d'une joie inattendue, réalisant que Paul l'aimait. Un soir, Paul proposa d'aller voir les ruines de Tournoël sous la lune. Arrivés aux ruines, le marquis fatigué s'assit, suggérant à Christiane d'aller plus loin avec Paul. Dans un monologue passionné, Paul lui confia avoir le sentiment d'avoir déjà vécu dans ce château et d'y avoir aimé une femme qui lui ressemblait. Il se mit à genoux, la suppliant de le laisser l'adorer de nouveau.
Paul lui saisit les mains, les baisa, puis lui baisa les genoux en sanglotant. Christiane tenta de s'enfuir, mais il la retint et l'embrassa passionnément. Elle cède, s'abandonnant à lui. De retour à l'hôtel, elle pleura longuement jusqu'à s'endormir d'épuisement. Elle fut réveillée par Andermatt qui arrivait de Paris avec des nouvelles concernant l'eau minérale. Pour le repousser, elle lui annonça qu'elle croyait être enceinte.
Christiane réalisa qu'elle aimait Paul. Elle se sentit transformée, acceptant son rôle de maîtresse. Le père Clovis affirma marcher "comme un lapin", et Andermatt y vit un miracle. Paul, jaloux de l'admiration pour Andermatt, critiqua les hommes d'affaires obsédés par l'argent. Le soir, Paul apparut sur le balcon de Christiane, et elle se jeta dans ses bras sans hésitation.
Chapitre 8. Les nouvelles sources et la séparation annoncée
L'absence prolongée d'Andermatt permit à M. Aubry-Pasteur de découvrir quatre nouvelles sources. Paul et Christiane vécurent leur amour en toute quiétude, leur relation passant inaperçue. Christiane était enivrée par cet amour.
Le temps, les choses, les êtres n'existaient plus pour elle ; rien n'existait plus qu'un homme. Il n'y avait plus, sur la terre ou dans le ciel, qu'un homme, un seul homme, celui qu'elle aimait.
Ils se retrouvaient en fin de journée dans leur "ciel", un bouquet de sapins en hauteur. Leur passion était purement poétique, amplifiée par la beauté du paysage auvergnat. Le marquis annonça le retour imminent d'Andermatt et leur départ le lendemain. Andermatt arriva avec sept hommes d'affaires pour constituer la société. La société fut officiellement constituée, et Andermatt fut élu président. Paul rejoignit Christiane pour un dernier rendez-vous, lui proposant de s'enfuir ensemble, mais elle insista sur la prudence.
Partie 2. Mont-Oriol en activité et la fin des illusions
Chapitre 1. Linauguration de Mont-Oriol et les nouveaux médecins
Le 1er juillet de l'année suivante, la nouvelle station Mont-Oriol ouvrit ses portes. Un casino de style mauresque dominait un petit parc, avec six chalets aux façades vernissées visibles parmi les vignobles. Le grand hôtel Mont-Oriol, bâtiment blanc imposant, attirait les voyageurs. L'établissement thermal promettait des guérisons miraculeuses. Le succès dépassait déjà les attentes grâce au patronage de trois médecins renommés : les professeurs Mas-Roussel, Cloche et Rémusot, qui résidaient dans des villas fournies par la société. Andermatt proposa de nommer la source principale d'après sa femme Christiane, et les deux autres d'après les filles Oriol, Louise et Charlotte.
Il ne suffit pas d'avoir de l'eau, il faut la faire boire ; et pour la faire boire... il faut savoir le faire dire discrètement par les seuls hommes qui aient de l'action sur le public buveur, sur le public malade dont nous avons besoin, sur le public particulièrement crédule qui paye les médicaments, par les médecins.
Le Docteur Latonne montra à Paul son "institut médical de gymnastique automotrice", effectuant des lavages d'estomac et démontrant ses machines d'exercice bizarres. Christiane arriva, enceinte de six mois environ, pâle et lourde. La bénédiction des sources fut brève, suivie de rafraîchissements. Le père Clovis créait des troubles en affirmant que les eaux étaient inefficaces, mais Andermatt le fit taire en promettant de le guérir.
Chapitre 2. La rivalité médicale et les projets de mariage
Les médecins avaient supplanté l'ancienne autorité du Docteur Bonnefille. Le Docteur Latonne gagnait en influence grâce au soutien des professeurs. L'arrivée du Docteur Black, homme petit et étrange, bouleversa l'ordre établi par sa dévotion excessive. Son succès culmina avec l'arrivée de la princesse de Maldebourg. Le Docteur Mazelli, jeune et charmant médecin italien, séduisit rapidement la clientèle par son charisme. La rumeur se répandit qu'un mariage était envisagé entre Gontran et Charlotte Oriol. Gontran avait développé une relation galante avec Charlotte, qui ne percevait pas ses intentions sérieuses.
Louise réprimandait Charlotte pour sa conduite avec Gontran. Charlotte réalisa la possibilité d'un mariage et se mit à rêver de devenir "Comtesse de Ravenel". Gontran décida que le moment était venu et demanda à Andermatt de sonder le père Oriol. Oriol révéla que la dot de Louise comprenait les terres essentielles à Andermatt, tandis que Charlotte recevrait l'autre côté du mont, moins intéressant.
Chapitre 3. Les fiançailles contrariées et les manipulations
Gontran arriva avec les demoiselles Oriol et déclara son intention de "signer la paix" avec Louise, se montrant très attentionné envers les deux sœurs pendant le dîner. Il courtisait Louise en "ennemi loyal", irrité intérieurement par le rôle qu'il devait jouer. Louise tira les cartes pour prédire l'avenir. Christiane et Paul s'isolèrent près d'une fenêtre, leur incompréhension mutuelle s'étant accentuée depuis l'annonce de la grossesse. Paul trouvait cette grossesse "fâcheuse" et était venu par pitié.
Depuis qu'il la savait enceinte, il s'éloignait d'elle et se dégoûtait d'elle, malgré lui... Ce qui l'exaltait dans la tendresse, c'était cet envolement de deux cœurs vers un idéal inaccessible, cet enlacement de deux âmes qui sont immatérielles.
Gontran était harcelé par des problèmes d'argent et cherchait un mariage riche. Il avait d'abord pensé à Charlotte, mais dut se rabattre sur Louise à cause de la dot. Malgré le mauvais temps, ils allèrent au puy de la Nugère. Gontran entraîna Louise dans le cratère et lui fit une "déclaration", lui expliquant qu'il avait courtisé Charlotte pour voir sa réaction. Charlotte éclata en sanglots, comprenant sa défaite.
Chapitre 4. Les négociations matrimoniales et les intérêts financiers
Andermatt et le Docteur Latonne discutèrent des difficultés financières de la société. Andermatt insista sur l'importance de l'accessibilité pour attirer les baigneurs. Latonne proposa de falsifier les bulletins météorologiques dans les journaux parisiens. Gontran révéla ses progrès dans la séduction de Louise, utilisant Mme Honorat comme intermédiaire. Paul se laissa entraîner chez Mme Honorat où il prit plaisir à converser avec Charlotte. Lors d'une promenade, Charlotte exprima sa douleur à Paul, révélant qu'elle ne l'aimait plus mais était blessée par sa trahison.
Chapitre 5. Lamour de Paul pour Charlotte et les révélations
Paul réalisa qu'il était tombé amoureux de Charlotte, la trouvant pure et différente. Andermatt annonça que Gontran épouserait Louise. Paul, troublé par ses sentiments naissants, lutta contre cette nouvelle passion. Il observa Mazelli murmurer des choses à Charlotte qui la firent rougir, comprenant que l'Italien avait parlé d'amour. Paul demanda à Charlotte un tête-à-tête et lui expliqua la nature des aventuriers comme Mazelli. Charlotte avoua qu'elle se doutait déjà et s'amusait à le voir venir. Paul lui déclara son amour, l'embrassa passionnément. Le père Oriol les surprit et Paul lui déclara vouloir épouser Charlotte.
Chapitre 6. La naissance dArlette et la fin des illusions
La journée commença mal pour Andermatt avec l'annonce de la mort de M. Aubry-Pasteur et la fuite du Docteur Mazelli avec la fille du professeur Cloche. Christiane, souffrante et anxieuse, insista pour consulter le Docteur Black. Pendant l'examen, Black révéla que le père Oriol racontait partout le mariage de Paul et Charlotte. Christiane s'évanouit sous le choc et les symptômes d'un accouchement se manifestèrent. Après quinze heures de martyre, elle donna naissance à une fille. Christiane ne voulait pas voir sa fille, obsédée par la pensée que Paul aimait une autre femme. Elle choisit le nom d'Arlette, rejetant les noms qu'elle avait envisagés avec Paul.
Elle sentit, par la trahison de celui en qui elle avait mis toute sa confiance, que les autres, tous les autres ne seraient jamais plus pour elle que des voisins indifférents.