Notre cœur (Maupassant)
Résumé très court
Paris, fin du XIXe siècle. André Mariolle fut présenté par son ami compositeur Massival à Michèle de Burne, une jeune veuve qui tenait un salon réputé.
Séduit immédiatement par cette femme raffinée, Mariolle devint un habitué de son salon et tomba éperdument amoureux d'elle.
Il lui écrivit des lettres passionnées qu'elle recevait avec plaisir sans y répondre avec la même ardeur. Lors d'une excursion au Mont Saint-Michel, elle se donna à lui dans une auberge. Ils commencèrent une liaison secrète. Mariolle loua un pavillon à Auteuil pour leurs rendez-vous. Mais il découvrit rapidement que Michèle était incapable d'aimer véritablement. Elle se donnait par devoir plus que par désir, et ses caresses semblaient la lasser.
Ah ! Quel amour, horrible et torturant, celui qui demande sans cesse l'aumône d'une chaude parole ou d'une caresse émue, et qui ne la reçoit jamais !
Michèle connut un succès mondain grandissant qui l'éloigna de Mariolle. Ne supportant plus cette situation, il s'enfuit à Montigny-sur-Loing. Là, il engagea une jeune servante, Élisabeth, qui tomba amoureuse de lui et se donna avec passion. Pourtant, Mariolle restait hanté par Michèle. Il lui envoya un télégramme. Elle vint le voir et lui proposa de reprendre leur relation sur de nouvelles bases. Mariolle accepta, résigné à souffrir près d'elle plutôt que loin d'elle, et promit à Élisabeth désespérée de l'emmener à Paris.
Résumé détaillé par parties
Les titres des parties et des chapitres sont éditoriaux.
Partie 1. La rencontre avec Mme de Burne
Chapitre 1. André Mariolle découvre le salon de Mme de Burne
Massival, le célèbre musicien compositeur de Rébecca, proposa à son ami André Mariolle de le présenter à Mme Michèle de Burne, qu'il décrivait comme une des femmes les plus intéressantes du nouveau Paris. Mariolle hésita d'abord, se sentant peu fait pour ce milieu, mais finit par accepter l'invitation à dîner.
Mme de Burne habitait un joli entresol rue du Général-Foy, décoré avec un goût exquis grâce aux conseils de ses amis artistes. Veuve malheureuse d'un mari tyrannique, elle avait créé un salon recherché où se réunissaient les hommes les plus distingués de Paris. Son père, M. de Pradon, lui servait de chaperon et présidait les dîners du jeudi.
Lors de leur première rencontre, Mariolle fut immédiatement séduit par cette femme aux cheveux couleur de feuilles mortes et aux yeux bleus déteints. Ils eurent une conversation brillante qui révéla leur parfaite entente intellectuelle.
Chapitre 2. La naissance de la passion de Mariolle
Mariolle devint rapidement un habitué du salon de Mme de Burne. Il se mit à lui écrire des lettres passionnées, exprimant un amour grandissant qu'elle recevait avec plaisir sans jamais y répondre de la même façon. Elle appréciait cette adoration discrète qui ne s'exprimait jamais ouvertement dans son salon.
Elle était née coquette ; et, dès qu'elle se sentit libre dans l'existence, elle se mit à poursuivre et à dompter les amoureux, comme le chasseur poursuit le gibier.
Mme de Burne avait fait de son salon une petite cour où chaque habitué apportait soit une valeur, soit un nom. Tous ses amis étaient devenus amoureux d'elle à tour de rôle, formant une sorte d'église dont elle était la madone. Ils se jalousaient continuellement tout en tenant les rangs serrés pour ne pas laisser approcher de concurrent redoutable.
Chapitre 3. Les premiers aveux et la froideur de Mme de Burne
Mme de Burne proposa à Mariolle une excursion au Mont Saint-Michel, où ils se retrouvèrent par hasard avec sa famille. Dans ce cadre romantique, face à la beauté du paysage normand, elle sembla s'attendrir et murmura son prénom : « André », comme un aveu. Le soir, dans l'auberge, elle vint le rejoindre dans sa chambre et se donna à lui.
Partie 2. La liaison et ses tourments
Chapitre 1. Le début de leur liaison secrète
De retour à Paris, Mariolle loua un pavillon secret à Auteuil pour leurs rendez-vous. Il l'aménagea avec goût, entouré d'un jardin fleuri. Mme de Burne s'y rendait régulièrement, mais Mariolle découvrit avec amertume qu'elle ne partageait pas sa passion. Elle se donnait avec résignation plutôt qu'avec élan, et ses caresses semblaient la lasser.
Il l'aimait avec ses sens autant qu'avec son âme, plus peut-être. La déception de ses caresses inutiles l'agitait d'une frénétique envie de courir derrière elle.
Mariolle souffrait de cette situation. Il aimait une femme qui l'acceptait mais ne l'aimait pas vraiment. Elle lui expliqua franchement qu'elle l'aimait à sa façon, mais qu'elle était incapable de passion véritable. Cette sincérité brutale le désespérait tout en l'attachant davantage à elle.
Je vous aime avec toute la force d'aimer qui se trouve en moi. Si elle n'est pas différente ou plus grande, est-ce ma faute ?
Malgré cette déclaration, Mariolle ne pouvait se résoudre à la quitter. Il était devenu l'esclave de cette femme qui le choyait dans son salon mais restait froide dans l'intimité. Elle avait besoin de lui comme une idole a besoin de prières, mais ne pouvait lui offrir l'amour passionné qu'il réclamait.
Chapitre 2. Les rendez-vous aux Tuileries et à Auteuil
Leurs rencontres se déroulaient selon un rituel établi : rendez-vous matinaux aux Tuileries, puis retrouvailles à Auteuil. Mais Mme de Burne arrivait toujours en retard, préoccupée par ses obligations mondaines. Elle semblait considérer ces rendez-vous comme une corvée nécessaire plutôt que comme des moments d'amour attendus.
L'automne venu, Mariolle fit construire un petit kiosque dans le jardin d'Auteuil pour s'abriter pendant ses longues attentes. Les chrysanthèmes avaient remplacé les roses, et cette croix de fleurs lui rappelait une tombe. Il passait des heures à attendre une femme qui venait par devoir plus que par désir.
Mme de Burne espaçait de plus en plus leurs rendez-vous, envoyant des télégrammes de dernière minute pour les reporter. Elle préférait visiblement le voir dans son salon, où il lui apportait l'adoration dont elle avait besoin, plutôt que dans l'intimité d'Auteuil où elle devait se donner.
Chapitre 3. La matinée musicale et les rivalités du salon
Mme de Burne organisa une matinée musicale où Massival présenta sa nouvelle œuvre, Didon, chantée par la marquise de Bratiane. L'assistance comprenait l'élite de son salon, mais l'arrivée du comte Rodolphe de Bernhaus, diplomate autrichien célèbre pour un duel, créa une nouvelle dynamique.
Lamarthe expliqua à Mariolle que Mme de Burne menait une campagne de séduction contre Bernhaus, rivalisant avec la baronne de Frémines. Cette révélation rendit Mariolle jaloux et lui fit comprendre qu'il n'était qu'un amant de transition, bientôt remplacé par cet aristocrate plus prestigieux.
Chapitre 4. La souffrance croissante de Mariolle
Mariolle sombrait dans une mélancolie profonde. Il analysait sans cesse les lettres de Mme de Burne, y cherchant en vain des preuves d'amour véritable. Il ne trouvait que de l'amitié polie et de la littérature sentimentale, jamais l'élan passionné qu'il espérait. Cette femme pensait mais ne sentait pas.
Il était devenu la proie de ce petit verbe « aimer » qui avait envahi toute sa vie. Elle disait « je vous aime bien », « je vous aime beaucoup », mais jamais simplement « je vous aime ». Ces nuances le torturaient car elles révélaient l'absence de véritable passion chez sa maîtresse.
Chapitre 5. Lascension mondaine de Mme de Burne
Mme de Burne connut un succès mondain éclatant grâce à ses relations avec la princesse de Malten, ambassadrice d'Autriche. Elle devint une des femmes les plus en vue de Paris, recevant l'aristocratie dans son salon. Cette ascension sociale l'enivra et l'éloigna encore davantage de Mariolle.
Mariolle souffrait de voir sa maîtresse s'envoler dans cette popularité mondaine. Il était jaloux de tout : des hommes, des femmes, des fêtes qui l'accaparaient. Leur intimité n'avait plus que de rares heures de liberté, et il se sentait abandonné au profit de ces futilités sociales qui la passionnaient.
Lors d'une conversation décisive, elle lui expliqua qu'elle l'aimait énormément mais qu'elle ne pouvait pas changer sa nature. Elle lui demandait de l'accepter telle qu'elle était, avec sa force d'aimer limitée, plutôt que d'exiger d'elle des sentiments qu'elle ne pouvait éprouver.
Chapitre 6. Le dîner avec le sculpteur Prédolé
Mme de Burne organisa un dîner en l'honneur du sculpteur Prédolé, artiste célèbre pour ses statuettes gracieuses. L'homme était très différent de son œuvre : gros, aux mains énormes, timide en société. Mais dès qu'il parla d'art, il révéla une intelligence et une sensibilité exceptionnelles.
Prédolé fascina l'assistance masculine par ses connaissances artistiques, mais les femmes s'ennuyèrent. Mme de Burne le jugea « assez intéressant, mais raseur » car il n'avait pas admiré sa toilette. Lamarthe fit remarquer que l'artiste était le seul homme heureux présent, car il aimait vraiment ce qu'il faisait.
Ce ne sont pas des femmes. Les plus honnêtes d'entre elles sont des rosses inconscientes... elles sont frelatées.
En reconduisant Mariolle, Lamarthe développa sa théorie sur les femmes modernes, incapables d'amour véritable et ne cherchant que la distraction. Il expliqua que l'amour était devenu une légende, et que ces femmes étaient des cabotines jouant un rôle qu'elles ne comprenaient plus.
Chapitre 7. La rupture et le départ de Mariolle
Lors d'un rendez-vous à Auteuil par temps froid, Mme de Burne prétexta un malaise pour éviter l'intimité. Elle garda sa fourrure et parla uniquement de ses préoccupations mondaines. Mariolle comprit que leur liaison était devenue pour elle une corvée qu'elle supportait de moins en moins.
Elle était partie parce qu'il faisait froid ! Il aurait marché nu, dans la neige, pour la rejoindre n'importe où.
Cette dernière humiliation fut la goutte d'eau qui fit déborder le vase. Mariolle réalisa qu'il n'était qu'un raté qui n'avait rien accompli dans sa vie. Il écrivit une lettre d'adieu à Mme de Burne, lui expliquant qu'il ne pouvait plus supporter cette situation et qu'il partait pour toujours.
Il n'avait rien fait, rien réussi, rien obtenu, rien vaincu... Il n'était au fond qu'un raté.
Adieu, Madame. Pardon, merci, pardon. Ce soir encore, je vous aime de toute mon âme.
Partie 3. Lexil et le retour
Chapitre 1. La fuite à Montigny et la rencontre avec Élisabeth
Mariolle s'enfuit à Montigny-sur-Loing, dans la forêt de Fontainebleau, espérant oublier son chagrin. Il loua une maison au bord de la rivière, mais la solitude ne fit qu'aggraver sa souffrance. Il rencontra Élisabeth Ledru, une jeune servante d'auberge maltraitée par des clients, qu'il engagea à son service.
Élisabeth se transforma rapidement sous l'influence de Mariolle. Elle devint coquette, soigna son apparence et se fit même une robe élégante. Mariolle comprit qu'elle tombait amoureuse de lui, et cette adoration naïve flatta sa vanité blessée. Un soir, il la surprit dans son bain et elle se donna à lui.
Pendant un mois, Mariolle vécut une véritable idylle avec Élisabeth. Elle l'aimait avec une passion absolue, lui donnant tout ce que Mme de Burne lui avait refusé. Mais malgré cette tendresse sincère, Mariolle restait hanté par le souvenir de sa maîtresse parisienne. Il ne pouvait oublier celle qui l'avait tant fait souffrir.
Chapitre 2. La visite de Mme de Burne et la réconciliation
Dans un moment de faiblesse, Mariolle envoya un télégramme à Mme de Burne. À sa grande surprise, elle vint le voir à Montigny. Elle lui expliqua qu'elle avait attendu un signe de lui et qu'elle était prête à reprendre leur relation sur de nouvelles bases. Elle lui promit une affection loyale et durable, même si ce n'était pas la passion qu'il réclamait.
Mariolle accepta ce compromis, résigné à souffrir près d'elle plutôt que loin d'elle. Elle lui fixa rendez-vous pour le lendemain à Paris, et il promit de revenir. Avant de partir, elle remarqua Élisabeth mais ne s'en inquiéta pas, la prenant pour une simple domestique.
Chapitre 3. Lamour dÉlisabeth et les promesses dAndré
Élisabeth avait deviné la vérité sur la visite de l'élégante Parisienne. Elle se réfugia dans l'église du village où Mariolle la retrouva en larmes. Comprenant qu'il allait la perdre, elle était désespérée. Mariolle, ému par son chagrin et troublé par sa propre situation, lui promit de l'emmener à Paris.
Il lui jura qu'il l'installerait dans un joli logis avec une bonne pour la servir, qu'elle deviendrait une dame. Élisabeth, rassurée et éblouie par ces promesses, oublia ses craintes. Elle se jeta dans ses bras, et Mariolle, attendri malgré lui, lui répéta qu'il l'aimerait comme à Montigny, mentant à peine car il éprouvait vraiment de l'affection pour cette enfant qui l'adorait.