Première neige (Maupassant)
Résumé très court
Cannes, vers les années 1880. Une jeune femme malade observait la mer, sachant qu'elle allait bientôt mourir, heureuse cependant d'échapper au froid du nord.
Elle épousa jadis Henry de Parville, qui l'emmena vivre dans son domaine normand isolé. Le froid extrême de l'hiver la rendit très malheureuse, mais Henry refusa catégoriquement d'installer un calorifère.
Pour le convaincre, elle marcha pieds nus dans la neige et tomba gravement malade. Envoyée à Cannes pour tenter de guérir, elle y savoura le soleil et la douceur du climat.
À présent, elle va mourir ; elle le sait. Elle est heureuse. Elle déploie un journal qu'elle n'avait point ouvert, et lit ce titre : « La première neige à Paris. » Alors elle frissonne, et puis sourit.
Résumé détaillé
La division en chapitres est éditoriale.
Une femme mourante à Cannes
Sur la Croisette à Cannes, une jeune femme pâle et malade sortit de sa maison pour s'asseoir sur un banc face à la mer. Épuisée après quelques pas, elle contempla le paysage magnifique : l'Esterel au loin, les îles Sainte-Marguerite et Saint-Honorat, et les villas blanches parsemant les montagnes. Malgré la beauté qui l'entourait, elle toussait et portait ses doigts transparents à sa bouche pour calmer ses secousses.
Elle sait pourtant qu'elle va mourir, qu'elle ne verra point le printemps, que, dans un an, le long de la même promenade, ces mêmes gens qui passent devant elle viendront encore respirer l'air tiède de ce doux pays.
Le mariage et la vie en Normandie
Assise sur son banc, la jeune femme se remémora son passé. Quatre ans plus tôt, ses parents l'avaient mariée à un gentilhomme normand pour des raisons de fortune. Parisienne et gaie, elle avait accepté ce mariage sans protester, bien qu'elle eût préféré refuser.
Son mari l'emmena dans son château normand, un vaste bâtiment entouré d'arbres très vieux. À son arrivée, elle trouva le lieu peu gai, mais son mari l'assura qu'elle s'y habituerait. La première semaine fut consacrée aux caresses, puis elle s'occupa d'organiser son intérieur pendant un mois. L'été, elle allait voir moissonner dans les champs, et la gaieté du soleil entretenait celle de son cœur.
L'automne venu, Henry se mit à chasser avec ses deux chiens, Médor et Mirza. Elle restait seule, sans s'attrister de l'absence de son mari. Le soir, elle soignait les chiens avec une affection maternelle, tandis qu'Henry lui racontait invariablement sa journée de chasse.
Puis l'hiver normand arriva, froid et pluvieux. Les interminables averses tombaient sur le toit, les chemins devenaient des fleuves de boue, et chaque soir, des corbeaux venaient se percher dans les grands hêtres près du château.
Elle les regardait, chaque soir, le cœur serré, toute pénétrée par la lugubre mélancolie de la nuit tombant sur les terres désertes... Et elle avait froid tout le jour, partout, au salon, aux repas, dans sa chambre. Elle avait froid, jusqu'aux os.
Son mari, heureux et bien portant, ne comprenait pas son malaise. En décembre, souffrant terriblement du froid qui régnait dans le château, elle demanda l'installation d'un calorifère. Henry, stupéfait par cette idée qu'il jugeait extravagante, refusa en riant, affirmant que le froid était excellent pour la santé.
La première neige et la maladie
En janvier, un grand malheur frappa la jeune femme : ses parents moururent dans un accident de voiture. Elle se rendit à Paris pour les funérailles et resta six mois plongée dans le chagrin.
Quand l'hiver revint, plus âpre encore, elle souffrit davantage du froid. Un médecin consulté avait déclaré qu'elle n'aurait jamais d'enfants, ce qui assombrissait encore son avenir. Elle demanda timidement à son mari s'ils pourraient passer quelques jours à Paris, mais il refusa, ne comprenant pas son besoin de distraction.
Un soir de janvier, désespérée après que son mari eut ignoré ses plaintes de froid, elle conçut un plan fou. Elle sortit nu-pieds dans la neige, traversa le jardin jusqu'aux sapins, puis revint se coucher. Le lendemain, elle toussait et ne put se lever. Elle avait contracté une fluxion de poitrine.
Elle s'était levée nu-jambes, nu-pieds, et une idée enfantine la fit sourire : « Je veux un calorifère, et je l'aurai. Je tousserai tant, qu'il faudra bien qu'il se décide à en installer un. »
Le médecin exigea l'installation d'un calorifère, et Henry céda avec répugnance. Mais les poumons de la jeune femme étaient gravement atteints. Le médecin recommanda le climat du Midi pour sauver sa vie.
La lettre du mari et les dernières réflexions
Elle fut envoyée à Cannes, où elle connut le soleil et aima la mer. Au printemps, elle retourna en Normandie, mais vivait désormais avec la peur des longs hivers. Dès qu'elle allait mieux, elle ouvrait sa fenêtre la nuit, pensant aux rivages méditerranéens.
Maintenant, assise sur son banc à Cannes, elle savait qu'elle allait mourir et s'en trouvait heureuse. Elle déplia un journal et lut le titre : « La première neige à Paris ». Elle frissonna, puis sourit. Après avoir contemplé une dernière fois l'Esterel et le ciel bleu, elle rentra lentement, s'arrêtant pour tousser.
Chez elle, elle trouva une lettre de son mari. Il lui écrivait qu'il faisait froid en Normandie, qu'une bonne gelée annonçait la neige, et qu'il se gardait bien d'allumer son « maudit calorifère ». Heureuse d'avoir obtenu ce calorifère, elle cessa sa lecture, sa main retombant sur ses genoux tandis qu'elle portait l'autre à sa bouche pour calmer sa toux déchirante.
Elle trouve une lettre de son mari... « J'espère que tu vas bien et que tu ne regrettes pas trop notre beau pays. Nous avons depuis quelques jours une bonne gelée qui annonce la neige. Moi, j'adore ce temps-là... »