La Barbe Bleue (Perrault)
Résumé très court
Un homme riche possédait de belles maisons et des carrosses dorés, mais sa barbe bleue le rendait si laid et terrible que toutes les femmes le fuyaient.
Il demanda en mariage l'une des deux filles de sa voisine. Après une semaine de festivités dans sa maison de campagne, la cadette accepta de l'épouser.
Un mois après le mariage, la Barbe-Bleue partit en voyage et remit à sa femme toutes les clés de la maison, lui interdisant formellement d'ouvrir un petit cabinet. Rongée par la curiosité, elle désobéit et découvrit l'horrible vérité :
Le plancher estoit tout couvert de sang caillé... se miroient les corps de plusieurs femmes mortes... c'étoit toutes les femmes que la Barbe-Bleuë avoit épousées.
Résumé détaillé
La Barbe bleue
Il était une fois un homme très riche qui possédait de belles maisons à la ville et à la campagne, de la vaisselle d'or et d'argent, des meubles brodés et des carrosses dorés.
Mais, par malheur, cet homme avoit la barbe bleuë : cela le rendoit si laid et si terrible qu'il n'estoit ni femme ni fille qui ne s'enfuit de devant luy.
Une de ses voisines, dame de qualité, avait deux filles parfaitement belles.
La Barbe-Bleue demanda une des filles en mariage, laissant à la mère le choix de celle qu'elle voudrait lui donner. Aucune des deux sœurs ne voulait l'épouser à cause de sa barbe bleue et parce qu'il avait déjà épousé plusieurs femmes dont on ne savait ce qu'elles étaient devenues. Pour faire connaissance, la Barbe-Bleue les emmena avec leur mère et des amies dans une de ses maisons de campagne pour huit jours de fêtes et de divertissements. La cadette commença à trouver que le maître du logis n'avait plus la barbe si bleue et que c'était un fort honnête homme.
Dès leur retour en ville, le mariage fut conclu. Au bout d'un mois, la Barbe-Bleue annonça à sa femme qu'il devait partir en voyage pour six semaines au moins. Il lui donna toutes les clefs de la maison : celles des garde-meubles, de la vaisselle précieuse, des coffres-forts et des appartements. Mais pour une petite clef, celle du cabinet au bout de la grande galerie de l'appartement bas, il lui interdit formellement d'y entrer.
Pour cette petite clef-cy... je vous deffens d'y entrer... s'il vous arrive de l'ouvrir, il n'y a rien que vous ne deviez attendre de ma colere.
Après le départ de son mari, les voisines et amies vinrent visiter la jeune mariée, impatientes de voir toutes les richesses de sa maison. Elles parcoururent les chambres, les cabinets et les garde-meubles, admirant les tapisseries, les meubles et les miroirs magnifiques. Cependant, la jeune femme ne se divertissait point à voir ces richesses, tant elle était impatiente d'ouvrir le cabinet interdit. La curiosité fut si forte qu'elle ne put la surmonter : elle prit la petite clef et ouvrit en tremblant la porte du cabinet.
D'abord elle ne vit rien car les fenêtres étaient fermées. Puis elle découvrit que le plancher était couvert de sang caillé, et que dans ce sang se miraient les corps de plusieurs femmes mortes attachées le long des murs.
Elle pensa mourir de peur, et la clef du cabinet lui tomba de la main. Ayant repris ses esprits, elle ramassa la clef et referma la porte. Mais la clef était tachée de sang et ne pouvait être nettoyée : elle était magique, et quand on ôtait le sang d'un côté, il revenait de l'autre. La Barbe-Bleue revint dès le soir même, disant qu'il avait reçu des lettres annonçant que son affaire était terminée. Le lendemain, il redemanda les clefs. Sa femme les lui donna d'une main si tremblante qu'il devina tout ce qui s'était passé. Voyant du sang sur la clef du cabinet, il comprit qu'elle avait désobéi et lui annonça qu'elle devait mourir.
Moralité
La malheureuse épouse demanda un peu de temps pour prier Dieu. Elle appela sa sœur Anne pour qu'elle monte sur la tour et guette l'arrivée de leurs frères.
Anne, ma sœur Anne, ne vois-tu rien venir ? Je ne vois rien que le soleil qui poudroye et l'herbe qui verdoye.
Finalement, Anne aperçut deux cavaliers qui approchaient : c'étaient les frères. Ils arrivèrent juste à temps, entrèrent l'épée à la main et tuèrent la Barbe-Bleue.
Autre moralité
La Barbe-Bleue n'ayant point d'héritiers, sa femme hérita de tous ses biens. Elle employa une partie de cette fortune à marier sa sœur Anne avec un gentilhomme, une autre partie à acheter des charges de capitaine à ses frères, et le reste à se remarier elle-même avec un fort honnête homme qui lui fit oublier le mauvais temps passé avec la Barbe-Bleue.
La curiosité, malgré tous ses attraits, Couste souvent bien des regrets... C'est, n'en déplaise au sexe, un plaisir bien leger.