Les Fées (Perrault)
La division en chapitres est rédactionnelle.
Présentation des personnages : la veuve et ses deux filles
Il était une fois une veuve qui vivait avec ses deux filles. La mère était une femme désagréable et orgueilleuse, et sa fille aînée lui ressemblait parfaitement.
L'aînée luy ressembloit si fort et d'humeur et de visage que qui la voyoit voyoit la mere. Elles estoient toutes deux si desagréables et si orgueilleuses qu'on ne pouvoit vivre avec elles.
La cadette était tout le contraire : douce et honnête comme son père défunt, elle était aussi d'une beauté remarquable.
La cadette rencontre la fée à la fontaine
La mère obligeait la cadette à travailler sans cesse à la cuisine et à aller puiser de l'eau deux fois par jour à une fontaine située à une grande demi-lieue de la maison. Un jour, alors qu'elle était à cette fontaine, une pauvre femme s'approcha d'elle et lui demanda à boire. La jeune fille accepta avec bonté.
“Ouy da, ma bonne mere”, dit cette belle fille ; et, rinçant aussi tost sa cruche, elle puisa de l'eau au plus bel endroit de la fontaine et la lui presenta, soûtenant toûjours la cruche.
La femme révéla alors qu'elle était en réalité une fée qui avait pris l'apparence d'une pauvre villageoise pour tester la bonté de la jeune fille.
Impressionnée par la gentillesse de la cadette, la fée lui accorda un don merveilleux : à chaque parole qu'elle prononcerait, il sortirait de sa bouche soit une fleur, soit une pierre précieuse.
Je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou une fleur, ou une pierre précieuse.
La réaction de la mère et lenvoi de laînée
Quand la cadette rentra chez elle, sa mère la gronda d'avoir tardé. Mais en s'excusant, la jeune fille vit sortir de sa bouche des roses, des perles et des diamants. La mère, stupéfaite, demanda l'explication de ce prodige. Après avoir entendu le récit de sa fille, elle décida immédiatement d'envoyer son aînée à la fontaine pour obtenir le même don. L'aînée protesta avec brutalité, mais la mère insista.
L'aînée se rendit donc à la fontaine en grondant, emportant le plus beau flacon d'argent de la maison.
Laînée face à la fée : arrogance et malédiction
À la fontaine, l'aînée vit sortir du bois une dame magnifiquement vêtue qui lui demanda à boire. C'était la même fée, mais qui avait cette fois pris l'apparence d'une princesse pour tester la malhonnêteté de cette fille. L'aînée répondit avec une arrogance et une grossièreté extrêmes, refusant de donner à boire à la dame et se moquant d'elle.
“Il me feroit beau voir, répondit la brutale, aller à la fontaine !”... “Justement j'ai apporté un flacon d'argent tout exprés pour donner à boire à Madame !”
La fée, sans se mettre en colère, prononça alors une malédiction : à chaque parole que dirait l'aînée, il sortirait de sa bouche soit un serpent, soit un crapaud. Dès que la jeune fille ouvrit la bouche pour répondre à sa mère en rentrant, deux vipères et deux crapauds en sortirent.
Je vous donne pour don qu'à chaque parole que vous direz, il vous sortira de la bouche ou un serpent, ou un crapau.
La mère, horrifiée, accusa sa cadette d'être responsable de ce malheur et se précipita pour la battre.
Les conséquences : mariage de la cadette et mort de laînée
La pauvre cadette s'enfuit et alla se réfugier dans la forêt voisine. Là, elle rencontra le fils du roi qui revenait de la chasse.
Voyant sa beauté et intrigué par les perles et diamants qui sortaient de sa bouche quand elle parlait, le prince lui demanda de lui raconter son histoire. Tombé amoureux et considérant qu'un tel don valait mieux que toute dot, il l'emmena au palais de son père et l'épousa. Quant à l'aînée, elle devint si détestable que sa propre mère la chassa de chez elle. La malheureuse mourut seule dans un coin de bois, sans trouver personne pour l'accueillir.